Il était onze heures le soir : À corps perdus
Avec Il était onze heures le soir, un texte de Reynald Robinson, les membres du Théâtre Passé Minuit tracent un portrait plus ou moins convaincant d’une jeunesse en mal de vivre.
Créée en avril dernier par un groupe de finissants de Conservatoire d’art dramatique de Montréal, la pièce Il était onze heures le soir est reprise ces jours-ci sur une scène professionnelle. Sous la houlette de l’auteur et metteur en scène Reynald Robinson, neuf comédiens fraîchement diplômés, réunis sous la bannière du Théâtre Passé Minuit, renouent avec une galerie de personnages en mal de vivre.
C’est l’été indien dans un coin de campagne du Québec. Deux soeurs, Chloé et Chantal, reçoivent des amis dans le chalet familial. Parmi les invités, on croise des couples en crise, des amis virtuels qui se rencontrent pour la première fois, des frères illégitimes qui sortent de l’ombre… L’oeuvre, qui se décline sous forme de tableaux impressionnistes, nous plonge peu à peu dans l’univers de chaque personnage. Certains se débattent pour gérer des pulsions refoulées, d’autres pour tenter d’ancrer leur vie dans le réel.
Dans cet enchaînement de scènes non chronologiques, la tension monte et un drame se trame. Mais dès qu’une éclaircie se pointe le bout du nez, l’action se termine pour faire place à une autre scène. Une structure narrative qui pique la curiosité, mais qui nous empêche de saisir la motivation de certains personnages et qui laisse beaucoup de questions en suspens. Résultat? Un aboutissement plutôt chaotique qui tombe pour ainsi dire à plat. Certes, Robinson a mis l’accent, dans son écriture et dans sa mise en scène, sur les relations tordues qu’entretiennent les personnages plutôt que sur l’histoire elle-même. Un choix dramatique original et rafraîchissant, mais qui génère malgré tout quelques incompréhensions.
Dans le rôle des deux soeurs, Myriam Fournier et Catherine LeGresley s’en sortent très bien, tout comme Romy Daniel qui incarne une jeune femme enceinte et désorientée. C’est toutefois Robin-Joël Cool qui, dans la peau de Pierre, se démarque le plus nettement du lot. Le jeu du comédien est franc, direct et limpide. C’est lui qui offre aux spectateurs les plus savoureux moments de la soirée. Dans la salle, le côté délirant de son personnage suscite rires, inquiétudes et réflexions.