Nebbia : Mouvements de vie
Scène

Nebbia : Mouvements de vie

Avec Nebbia, dernier volet de la Trilogie du ciel signée Daniele Finzi Pasca, le Cirque Éloize et le Teatro Sunil présentent une oeuvre théâtrale et poétique à l’esthétique léchée et à l’humour bon enfant. Un divertissement haut de gamme.

Dans toutes les entrevues qu’il donne, Daniele Finzi Pasca se défend de mettre en scène un spectacle de cirque. Il parle de théâtre acrobatique et l’on comprend pourquoi. Dans Nebbia, les arts du cirque sont les éléments oniriques des paysages scéniques qu’il compose avec grand art. Le jeu théâtral et la musique restent les poutres maîtresses du spectacle, qui emprunte malgré tout sa structure à la tradition circassienne: une quinzaine de tableaux sont comme autant de numéros qui se succèdent, entrecoupés d’intermèdes clownesques qui font revivre l’esprit des fêtes foraines de l’Europe du siècle dernier.

Magistralement interprété par le Colombien Gonzalo Munoz Ferrer, un truculent bateleur nous ramène dans le village de son enfance, un jour de carnaval, dans un univers où les hommes occupent le devant de la scène, réservant aux femmes une présence plus discrète. Le va-et-vient entre passé et présent étant relativement impressionniste et les artistes remplissant divers rôles, on se perd parfois un peu dans l’identification des personnages. Mais l’atmosphère globale étant au rêve et à la poésie surréaliste, on lâche vite prise sur le sens pour goûter le spectacle par les sens.

Visuellement, la composition des tableaux est parfaite. Conjugués aux éclairages également conçus par Finzi Pasca, la scénographie et les accessoires d’Hugo Gargiulo créent un climat singulier qui enveloppe la salle et rehausse la valeur des performances circassiennes en y ajoutant de la poésie et de la magie. À ce titre, les numéros de trampoline, d’assiettes chinoises et de main-à-main marqueront sans doute les mémoires, tout comme les incroyables contorsions du Paraguayen Felix Salas, les étoiles filantes en 3D, la pluie de bouchons de liège et les corps tout imprégnés de brume.

Tout au long du spectacle, l’émotion est soutenue et parfois même portée par la musique très évocatrice de Maria Bonzanigo qui nous tire les larmes dans une scène finale des plus touchantes. Et toujours, les acteurs et les musiciens sont très judicieusement dispersés dans l’espace scénique qu’ils habitent pleinement, nourrissant un mouvement perpétuel de vie et, la plupart du temps, un sentiment de joie. Un spectacle à s’offrir en famille, en optant pour des places au parterre pour en goûter toute la magie.