Corteo : Joyeuses funérailles
Scène

Corteo : Joyeuses funérailles

Le Cirque du Soleil arrive en ville avec Corteo, une fête funèbre intemporelle qui invite au voyage entre rêves et fantasmes. Entretien avec un membre de la troupe nomade.

Le spectacle sous chapiteau Corteo correspond à la première collaboration entre le Cirque du Soleil et Daniele Finzi Pasca, cet homme de théâtre italien qui a nous donné le magnifique Rain du Cirque Éloize, suivi du plus récent Nebbia. Ainsi, en plus de s’être intéressé aux douceurs et aux chagrins de la pluie et à l’obscurcissement engendré par la brume, le créateur nous convie avec Corteo ["cortège" en italien] à un univers fantasmagorique où un clown évoque ses propres funérailles. "Les gens me demandent si c’est triste, si c’est lourd. En fait, non, puisque c’est une célébration de la vie. C’est un rêve alors tout ne va pas comme planifié… C’est certes funèbre, mais plein de joie", résume Gérard Théorêt, le directeur artistique en tournée depuis les huit derniers mois. Cet enseignant de danse et de théâtre ayant grandi à Ottawa a oeuvré au Canada et aux États-Unis ces dernières années pour finalement joindre le cirque, charmé par son Corteo. "C’est un spectacle qui a du coeur, it’s not a variety show! Je le vois chaque soir depuis plus de 300 représentations et j’en suis toujours amoureux; je découvre quelque chose chaque fois."

Nageant dans l’onirisme et le ludisme, le "clown mort" voit plusieurs personnages se joindre à lui pour assister à cette drôle de procession entre ciel et terre, où les prouesses acrobatiques seraient la "réponse à l’angélisme des dieux", ainsi que le décrit Pasca.

Lors de la création de Corteo en 2005, la compagnie théâtrale de Pasca, Teatro Sunil, a travaillé avec les membres de la distribution – musiciens, acrobates, acteurs – pour perfectionner leur jeu d’acteur et les initier à l’univers clownesque. "Pour Daniele, dès qu’il y a conversation, échange, il y a théâtre. C’est ce qu’il veut retrouver sur scène; que les artistes se regardent dans les yeux, qu’ils communiquent. Ils s’interpellent d’ailleurs par leur prénom sur scène", atteste celui qui doit s’assurer que les nouveaux membres de la distribution préservent cette intention, en plus de maintenir les standards du Cirque. "Je suis constamment ému de tout ce que les acrobates peuvent faire, de leur résilience; même avec des blessures, ils veulent aller de l’avant! Ce sont des athlètes", relève M. Théorêt, qui voit dans le cirque le mariage de toutes ses grandes passions telles que la mise en scène, le théâtre et la danse.

En plus des numéros inédits et des figures novatrices qui poussent encore plus loin les techniques de la planche sautoir, du cadre coréen et du fil de fer notamment, la poésie visuelle et émotive de Corteo réside dans les contrastes et les paradoxes que sont le ridicule et le tragique, la force et la fragilité, la joie et la tristesse… "C’est d’ailleurs ce qui m’a le plus attiré: l’aspect palpable. Ce n’est pas que beau et bon, ça remue! Chacun interprète les rêves à sa façon, mais ça nous pousse à regarder autour de nous, à regarder les gens dans les yeux, à apprécier ceux qui nous entourent, qui passent dans nos vies", conclut-il.