Susanna Hood : Voyage au centre de la Femme
Scène

Susanna Hood : Voyage au centre de la Femme

Susanna Hood explore les zones d’ombre de la psyché féminine et ses difficultés à intégrer la dimension sexuelle de façon harmonieuse. 60 minutes d’intensité en duo avec le musicien Nilan Perera.

Une chambre en désordre, occupée par une jeune femme habillée en écolière. Un esprit tourmenté par le souvenir d’un passé un peu trouble qui a rendu difficile l’accès à la dimension charnelle de la féminité. "C’est l’histoire d’une femme qui se bat contre sa propre relation au sexe et à l’intimité", explique Susanna Hood, danseuse et chorégraphe mais aussi actrice et musicienne, qui a récolté l’an dernier un prestigieux prix Dora-Mavor-Moore pour sa performance dans cette pièce intitulée She’s Gone Away. Seule sur scène et en dialogue sonore avec le compositeur-interprète Nilan Perera, la Torontoise tente de dépasser l’angoisse et la frustration et de contrôler des pulsions qui la terrorisent, des démons intérieurs symbolisés par des figures animales.

"Il y a du désir et en même temps une appréhension d’être submergée par ce désir, commente-t-elle. Mon personnage essaye sans cesse de quitter son corps, mais quand elle le fait, elle quitte cet état animal qui, ironiquement, est un état d’incarnation. Car les animaux portent les clefs de la façon dont elle peut devenir plus complète, plus intégrée. Aussi, certaines parties du texte que je dis et de ce qui se passe dans l’espace sont tirées de rêves que j’ai faits… Comme dans les rêves, les choses qui peuvent être les plus effrayantes sont parfois les plus riches, et il vaut peut-être mieux rentrer dedans plutôt que de s’échapper."

Entre répression des instincts et apprivoisement de sa nature profonde, la femme incarnée par Susanna Hood cherche à libérer une identité tronquée par des expériences malheureuses. Pour cette troisième pièce d’une trilogie sur le thème de la sexualité, du pouvoir féminin et de la guérison, elle a travaillé avec la dramaturge Jennifer Traver qu’elle a laissée parfois prendre les rênes de la création. "Je cherchais à créer une pièce moins abstraite que d’habitude, déclare l’ex-membre du Toronto Dance Theatre. Je voulais raconter une histoire pas nécessairement linéaire mais avec une trame que l’on peut suivre." Cette nouvelle création est donc résolument plus théâtrale, même si on y retrouve les éléments qui font la force des productions de la compagnie hum, fondée en 2000 avec Nilan Perera.

Depuis près de 10 ans, dans ses spectacles, Susanna Hood porte un micro sans fil, et Nilan Perera, caché derrière la console de son, manipule sa voix en temps réel en la mixant à d’autres sources sonores. Se servant de pédales pour guitare électrique pour moduler la voix de sa complice, il fait du corps de la danseuse un instrument. Le résultat est d’autant plus réussi que Susanna Hood oeuvre sciemment à l’intégration du son et du mouvement. "Ma voix, c’est comme un autre bras ou une autre jambe, précise-t-elle. Mais ce n’est pas seulement une autre partie de mon corps comme instrument: créer des sons, c’est un peu comme créer un plan de ce qui se passe à l’intérieur de mon corps, établir une carte du mouvement intérieur…" La présence de Susanna Hood est si puissante et le pouvoir du son, si irrésistible qu’en nous ouvrant cet accès à elle-même, elle nous ouvre une porte sur notre propre monde. L’effet est toujours bouleversant.

She’s Gone Away
7 au 11 oct 2008 à 20h
Théâtre La Chapelle

À voir si vous aimez
Les chorégraphes Marie Chouinard et Meg Stuart
L’artiste visuelle Louise Bourgeois
La chanteuse grecque Diamanda Galas

Consultez la page du Théâtre La Chapelle