La Vie : La mort vous va si bien
Dans La Vie, Les 7 doigts de la main invitent le cirque au purgatoire pour nous offrir un spectacle drôle, coloré et grivois où l’on s’amuse beaucoup et l’on ne s’émeut guère.
Résultat d’une commande de cabaret sexy, La Vie est un spectacle plutôt intime où un maître de cérémonie est en interaction permanente et parfois très directe avec le public. Avant de prendre place autour d’une scène circulaire minuscule à laquelle les artistes accèdent par un long pont, le spectateur pénètre dans un univers déjà en mouvement: une secrétaire contrôle les allées et venues, une folle déambule, une prostituée se pavane au bar où DJ Pocket concocte de savoureux cocktails sonores…
Ce lieu, on ne tardera pas à le découvrir, est un purgatoire dont l’odieux seigneur et maître est incarné par le convaincant Sébastien Soldevila. Lubrique, sadique, dictatorial et fier de l’être, il n’hésitera pas à maltraiter les artistes sur scène ni à mettre en boîte des membres du public. "J’ai la mèche courte et l’humour d’un orignal en rut", avertit-il d’emblée, semant les germes d’un malaise qu’il entretiendra tout au long du spectacle, usant et abusant de blagues à caractère sexuel et d’un humour parfois un peu trop gras.
Personnage principal et fil conducteur du spectacle, Soldevila passe en revue les fiches des âmes qui peuplent cette antichambre de l’enfer, leur donnant l’occasion de faire leur numéro. Entre la fille sexy, stupide, frustrée ou hystérique, l’homme d’affaires pourri, le salaud et le gars maladroit, Les 7 doigts de la main ont choisi de donner dans le stéréotype qu’ils parviennent cependant à mettre en scène avec inventivité.
Merveilleusement campé par Isabelle Chassé, le personnage de la folle donne lieu à un magnifique exercice de contorsion avec une camisole de force et à un numéro très touchant de tissus aériens devenus chaîne de draps pour s’échapper de l’asile. Empreint d’une puissance émotionnelle dont le spectacle est généralement dépourvu, ce numéro s’inscrit comme un temps fort de la soirée, tout comme le poignant main-à-main entre Émilie Bonnavaud et Sodevila, qui traduit avec force la violence de certaines relations amoureuses. À noter également, les prouesses clownesques de Patrick Léonard et sa partie endiablée de diabolo avec Soldevila.
Trapèze, équilibre et chaînes aériennes sont également au programme de cette soirée savamment orchestrée qui traite de la vie en passant par la mort, tout comme Les Soeurs Schmutt le font, dans un tout autre style, avec la pièce de danse-théâtre Ganas de vivir au Monument-National.