Le « K » Buster : Lumière silencieuse
Scène

Le « K » Buster : Lumière silencieuse

Raphaël Posadas signe, met en scène, produit et interprète Le "K" Buster, création issue d’une maladie et d’une admiration personnelles. Éclosion en vue.

À l’énumération des rôles cumulés par Raphaël Posadas, on pourrait croire que Le "K" Buster est un spectacle solo. Mais en fait, divers collaborateurs participent tant à son écriture qu’à sa mise en scène, à sa production et à son interprétation. Seulement, ceux-ci ont surtout voulu agir à titre d’accompagnateurs dans la création d’une oeuvre personnelle. "Au départ, j’avais envie de parler de Buster Keaton, de prendre le temps d’apprécier "The Great Stoneface", l’homme qui ne souriait jamais, parce que c’est quelqu’un qui m’a touché énormément et m’a inspiré par son côté comique très tranquille, raconte Raphaël. Aussi, c’était pour exorciser une maladie qui m’a empêché de bouger normalement. À cette époque, ça m’avait beaucoup aidé de voir Buster Keaton." Ainsi en est-il venu à penser qu’il pourrait être intéressant de faire un lien entre "le corps atrophié et le corps en explosion". Ce qui l’a amené à imaginer le personnage de Francis, un comédien se retrouvant à l’hôpital plutôt que sur les planches, où il devait incarner son idole. "Keaton partait d’un événement peut-être très triste et en faisait non pas une blague, mais quelque chose de plus léger, comme pour dire: "On peut aussi prendre ça comme ça", poursuit-il. Donc, c’est ce que j’ai fait par moments."

Autant dire que Le "K" Buster explore différents registres. "Ça va du burlesque à la marionnette, en passant par un jeu très réaliste", explique la comédienne Alexandrine Warren. "On commence de manière festive, renchérit le metteur en scène et comédien Olivier Lépine. C’est le spectacle et on raconte la vie de Keaton. Là, on s’adresse au public, comme s’il assistait à ce show qui se passe dans les années 20. Puis, un événement fait en sorte que le quatrième mur apparaît et ça devient très planant. Après, on tombe dans la poésie avec des marionnettes, pour en arriver à une conclusion qui amalgame tout ça, de sorte que chacun va pouvoir se créer sa propre fin." En effet, en plus de nous surprendre, Raphaël Posadas souhaite qu’on puisse interpréter les images proposées comme bon nous semble. "Pas besoin de tout justifier", soutient-il.

Cependant, pas question pour eux de manquer de précision ou d’énergie, cette pièce se voulant digne du roi du slapstick. "Il est impossible de faire ce qu’il faisait, remarque Olivier. C’était un gars élastique. N’empêche, sachant qu’on va parler de lui, les gens s’attendent à un truc physique, avec de la danse, des acrobaties, alors celles qu’on fait, il faut qu’elles soient réussies." Par contre, ils ont voulu éviter de "trop copier et que ça devienne un pot-pourri des meilleures séquences de ses films entrecoupées de trucs de sa vie", précise-t-il. "Un hommage, ce n’est pas de faire pareil, mais de suggérer et de donner notre couleur à quelque chose qu’on trouve extraordinaire", conclut Raphaël, résumant ainsi le but de l’exercice.