ManiganSes : Heureuses manipulations
La 10e édition de ManiganSes, le Festival international des arts de la marionnette, a fait vibrer Jonquière au rythme d’une ribambelle de spectacles placés sous le thème du lyrisme.
Pour souligner ses 20 ans d’existence, ManiganSes, le Festival international des arts de la marionnette, a offert à ses spectateurs, qui ne cessent d’augmenter, une programmation riche et variée, composée de 25 spectacles d’ici et d’ailleurs, alliant tradition et contemporanéité. Dans l’objectif de promouvoir le théâtre de marionnettes chez les 5 à 77 ans, la directrice, Denise Lavoie, et le directeur artistique, Éric Chalifour, ont reçu, du 16 au 21 septembre derniers, une centaine d’artistes débarquant d’Italie, d’Espagne et d’Israël, mais aussi d’Argentine, du Québec, de l’Ontario et de l’Alberta.
Un des moments marquants de l’édition 2008 fut la présentation de Transity, un projet de collaboration entre La Chassepinte (Québec) et La Porte Girevoli (Italie). À partir de deux textes d’autant d’auteurs – Kiwi de Daniel Danis et I Testimoni de Diego Fabbri – les deux collectifs d’artistes ont donné naissance à quatre pièces destinées aux adultes. Pour le spectateur, qui fut appelé à comparer deux visions complètement différentes d’une même oeuvre, l’expérience ne pouvait qu’être riche en réflexions. Dans les deux cas, mais particulièrement pour la pièce Kiwi, les artistes de La Chassepinte ont offert une performance d’une grande créativité poétique. N’hésitant pas à mixer la marionnette avec une foule de techniques théâtrales et à renouveler la relation entre le théâtre d’objets et le corps de l’interprète, Dany Lefrançois et Sara Moisan ont multiplié les trouvailles pour nous faire pénétrer dans un univers où chaque objet se trouve dévié de son sens premier.
Avec les pièces Pulcinella de l’Italien Salvatore Gatto et A dos Manos (La Fanfarra, Espagne), l’équipe de ManiganSes a puisé dans l’art traditionnel de la marionnette à gaine, dont l’origine remonte au 15e siècle. Peu importe l’âge et la culture, l’irrévérence de Polichinelle sait déclencher le rire du public. Cependant, la dynamique de conflit que propose ce théâtre vieux comme le monde (je te tape, tu me tapes) peut parfois devenir lassante, comme c’est le cas ici.
Impossible de passer sous silence L’Histoire de Gertrude, une création interdisciplinaire de la compagnie israélienne Yael & Revital Theatre Group, dans laquelle les deux manipulatrices donnent vie avec grâce et volupté à leurs marionnettes. Ici, le tissu se confond à la chair, et la marionnette se substitue à la comédienne, lui volant sa voix et son corps.
Également dans le registre des réussites, notons Bizzarium-Aquarium, un spectacle extérieur et sans paroles signé Les Sages Fous (Québec), où le castelet mobile prend la forme d’un bateau et où on se laisse hypnotiser par les gestes lents des protagonistes, supposément engourdis par les eaux d’une mer imaginaire. Il ne faudrait pas oublier la production italienne Pépé e Stella (Teatro Gioco Vita) qui raconte, à l’aide d’ombres, de lumières et d’enchantement, l’histoire d’une tendre affection entre un enfant et son cheval. La preuve qu’un bon spectacle pour tout-petits peut aussi transporter les adultes. Notez que la production sera présentée à la Maison Théâtre, à Montréal, du 17 octobre au 9 novembre.
Au terme de ces six jours, on quitte Jonquière avec l’impression d’avoir contribué à un échange réel entre l’homme et la marionnette. Prochain rendez-vous en 2010, où les pays nordiques seront à l’honneur.