Trois histoires de mer : Les trois soeurs
Scène

Trois histoires de mer : Les trois soeurs

Avec Trois histoires de mer, le Théâtre Tresss ose, avec peu d’originalité mais un professionnalisme certain, une première production.

Envers le naissant Théâtre Tresss, le metteur en scène Miguel Doucet et les comédiennes Sounia Balha, Francesca Gosselin et Talia Hallmona, tous fraîchement diplômés, nous n’avions pas d’attentes particulières. Envers Trois histoires de mer, une pièce de la jeune dramaturge péruvienne Mariana de Althaus jouée depuis 2003 au Pérou, en Argentine, au Chili, en Espagne et maintenant, pour la première fois, au Québec, nos attentes étaient, il faut l’avouer, bien plus grandes.

En somme, il s’avère, et c’est bien dommage, que la pièce n’est pas digne de l’intérêt qu’on lui porte. On se demande même ce qui a pu motiver la comédienne Francesca Gosselin à la traduire. Le drame est psychologique, intime et pas du tout collectif, il ne nous révèle rien ou alors bien peu de choses sur l’un ou l’autre des enjeux de la société péruvienne actuelle.

L’oeuvre, un huis clos, s’articule autour des retrouvailles bien banales de trois soeurs, des femmes archétypales (la naïve, la séductrice et la frustrée) qui sont nées de pères différents. Le drame de la première: ne pas avoir su plus tôt qu’elle avait deux soeurs. Le drame des deux autres: que leur mère ait choisi, pour assouvir ses passions, de les abandonner. Sur le même thème mais avec tellement plus de subtilités, Marie Laberge a écrit Oublier et Michel Marc Bouchard, Les muses orphelines. Sachant cela, fallait-il vraiment traduire et mettre en scène ces Trois histoires de mer?

Cela dit, la production est d’un professionnalisme remarquable pour un premier effort. Dans une scénographie toute simple – un décor de Xavier Charbonneau Gravel et des éclairages de Catherine Fasquelle – mais qui évoque efficacement la vieille maison en bord de mer, les trois comédiennes sont généralement sensibles et engagées, mais ont aussi tendance à caricaturer des personnages qui sont déjà tracés à gros traits. Comme si la direction d’acteur n’était pas tout à fait ajustée à une salle aussi petite.

En contrepartie, il y a des moments où l’excès, les affrontements et la rancoeur, laissent place au réalisme magique, cet onirisme si cher aux écrivains latino-américains. C’est alors que la mère prend chair, apparaît pour confronter ses trois filles à leurs propres contradictions ou alors pour les apaiser. Malheureusement, ces moments de poésie, trop brefs et trop rares, ne suffisent pas à justifier le voyage.