Benoît Brière : Vaudeville à l'ère YouTube
Scène

Benoît Brière : Vaudeville à l’ère YouTube

Benoît Brière pousse la note dans la redoutable comédie Ténor recherché tout en suscitant le débat sur YouTube avec le clip Culture en péril.

C’est connu: il est plus exigeant de jouer la comédie que le drame. On pourrait même considérer le vaudeville comme un sport olympique tellement ce genre théâtral mise sur la farce et le rire avec un nombre effarant de rebondissements.

Le comédien Benoît Brière en sait quelque chose. Cet automne, il reprend son rôle dans Ténor recherché de Ken Ludwig, un Feydeau à l’américaine qui a connu un succès phénoménal à l’été 2007. Alors? Difficile, le vaudeville? "C’est effrrrayant! s’exclame-t-il. C’est très demandant physiquement. Comme acteur, il n’est d’aucune façon possible d’être à l’aise. Tu trouves une relative économie de moyens à un moment donné, mais tu ne peux pas commencer le show sans prendre une grande respiration et dire: "On part pour un marathon, mais un marathon couru en sprint." Laisse-moi te dire qu’on mouille nos chemises!"

Au-delà des claquages de porte – "On les a comptés. Il y en a environ 120. Et il y a six portes!" -, le vaudeville, c’est une mathématique qui mise sur l’excessif. "Le danger, qu’on essaie toujours d’éviter, c’est de sortir de l’histoire. C’est facile de jouer le gag, parce que le gag est payant. Mais il faut se faire violence et toujours se raccrocher à ce qu’on est en train de raconter."

L’histoire de Ténor recherché, une mise en scène de Perry Schneiderman, se passe dans une suite de l’Hôtel Windsor de Montréal au début des années 30. La Compagnie de Théâtre Lyrique reçoit, pour une soirée seulement, le grand ténor italien Tito Merelli (interprété par Jacques Girard), qui va venir chanter Otello. Après s’être fait attendre (et avoir mis tout le monde sur le gros nerf), il débarque avec sa femme (Chantal Baril) et son assistant, Max, joué par Benoît Brière. "J’ai comme mandat de m’occuper de lui et surtout, de le faire relaxer", explique le comédien visiblement emballé par ce rôle. Une série de quiproquos va s’ensuivre. Au coeur de la tourmente, le pauvre Max sera appelé à remplacer le ténor et, par le fait même, à pousser quelques notes. Louis-Georges Girard, Patrice Coquereau, Nathalie Malette, Dominique Pétin et Adèle Reinhardt complètent la distribution.

Que Benoît Brière fricote avec l’opéra dans cette pièce est une belle coïncidence car, dans la vraie vie, l’homme de théâtre s’y adonne de plus en plus. "Oui, je baigne un peu dedans, mais vraiment par hasard. L’opéra, je m’y suis d’abord intéressé parce que j’ai épousé une musicienne, mais depuis quelque temps, je collabore avec l’Atelier d’opéra de l’Université de Montréal." Cette année, il y fera la mise en scène du Don Giovanni de Mozart.

ART-PEUR

Après avoir fait partie du quotidien des Québécois pendant 14 ans alors qu’il était porte-parole pour Bell, Benoît Brière s’est fait plutôt discret, un peu malgré lui. "Pour monsieur et madame Tout-le-monde, je suis encore Monsieur Bell, et c’est ben correct." Sa participation récente au clip Culture en péril diffusé sur YouTube a changé la donne. Ce petit brûlot de l’ère numérique pour dénoncer les coupes en culture, auquel participent également Michel Rivard et Stéphane Rousseau, fait encore abondamment jaser et ce, au grand bonheur des artistes impliqués.

"Je suis très fier de ce qui a été fait, mais le message a une portée relative, explique Benoît Brière. À mon avis, ce qui aurait été tripant, c’est d’avoir les soeurs McGarrigle qui débarquent et de leur offrir le même traitement. Ça n’aurait pas été un rapport français-anglais."

Contraint au silence par un avis de confidentialité quant à ceux qui sont derrière la caméra, Benoît Brière ronge son frein. "Il faut comprendre que ce sont des gens qu’on voit beaucoup dans le métier. Je trouve ça plate d’être obligé de me mettre la tête dans le sable. Ça me tue!"

Pour sa part, il assume totalement le fait d’être sur la sellette. "Je ne peux pas faire autrement, on voit ma grosse face dedans. Ce que je trouve triste, c’est qu’il y en a cinq qui assument en ce moment, et ce sont les cinq qui sont à l’écran. Les autres ont peur. C’est te dire jusqu’où ça peut aller, le régime Harper."

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