Qu’on le veuille ou non, la comédie musicale de Félix Gray est maintenant immortalisée sur DVD. Gilles Amado, qui a notamment présidé à la mise en boîte de Notre-Dame de Paris, signe la réalisation de cette captation effectuée en 2005 au Palais des Congrès de Paris. Les admirateurs de cette improbable escapade dans une Espagne de pacotille, un spectacle mis en scène par Gilles Maheu, seront ravis. Les autres passeront leur tour.

On retrouve ici les airs faciles, les refrains sans cesse répétés, les orchestrations pompeuses, les rimes plus ou moins bien ficelées et les personnages univoques. Heureusement, les voix puissantes sont, elles aussi, toujours de la partie. Jean-François Breau a tout le coffre que son personnage nécessite. Cindy Daniel et Geneviève Charest donnent des frissons. Marie-Ève Janvier, Philippe Berghella, Mario Pelchat et Claude Lancelot livrent sans difficulté la marchandise.

Le DVD permet aussi de constater que le spectacle a fait du chemin. La représentation est nettement moins statique que dans la version présentée au Théâtre St-Denis en 2004. Les chanteurs sont plus à l’aise sur scène, plus impliqués dans les chorégraphies. Cela dit, le jeu est généralement excessif, caricatural. Les regards vers la salle sont dérangeants, trop nombreux, maladroits, ils brisent la convention, donnent l’impression d’assister à un concert.

Le fil narratif est distendu, l’intrigue, hasardeuse, relâchée, quand elle ne fait pas carrément du sur-place. Molière et Tirso de Molina doivent se retourner dans leurs tombes. Plusieurs chansons, notamment Vivir, Belle Andalouse et Les Amoureux de Séville, ne font nullement progresser l’action, ne nous apprennent rien sur les personnages, la situation, le destin tragique de Don Juan. Dans une comédie musicale, la chose est impardonnable. Par moments, on croirait assister à une revue musicale sur l’univers du flamenco. Cela dit, si les chorégraphies de Carlos Rodriguez et Angel Rojas sont relativement conventionnelles, les danseurs, virtuoses, sont la véritable colonne vertébrale du spectacle, sa substance, son coeur.

Le DVD offre de maigres extras: le clip de la chanson Du plaisir, le documentaire Don Juan en coulisses, diffusé à la télévision (la qualité de l’image est particulièrement mauvaise) et des fiches biographiques qui n’ont d’interactif que le nom.

Don Juan
(Musik2Musik/Select)