François Massicotte : Gentleman humoriste

Si on a autant l’impression de connaître François Massicotte, c’est sans doute parce que l’humoriste n’a jamais hésité à prendre sa vie privée comme matière première de ses numéros: la dernière fois, il était monté sur les planches pour se confier, entre autres, sur les troubles bipolaires dont il est atteint. Après avoir offert cette variation sur un sujet difficile (un passage presque obligé pour les humoristes depuis quelques années), le créateur de 450, chemin du Golf s’intéresse, dans Massicotte 5, à l’inextinguible soif de bonheur de ses contemporains. Le récit d’un voyage en Haïti (dans un Club Med) lui permet d’ailleurs de mettre en relief l’insatisfaction chronique des Occidentaux. "Faudrait peut-être s’arrêter un peu et être content", conclut-il.

Souvent qualifié de roi du stand-up pour sa manière de livrer ses textes sans masque ni costume, François Massicotte fraie pourtant avec des comédiens afin de calibrer ses spectacles. C’était Sylvain Marcel la dernière fois, c’est cette fois-ci Guy Jodoin qui conseille et guide le Trifluvien d’origine dans son jeu. "C’est avec le metteur en scène que ça monte vraiment de deux-trois coches. On prend notre temps pour bien découper, bien décortiquer les choses. C’est vraiment du travail de précision. Il y a des nuances. Je n’aime pas ça quand je vois quelqu’un qui joue trop gros, qui tombe dans la facilité, qui fait: "Regardez-moi car je suis drôle." Faut pas aller là et ce n’est pas évident. Il faut vraiment être précis", explique Massicotte.

AVEC CLASSE

Ayant grandi à une époque où interpréter quelques personnages d’hurluberlus était la condition sine qua non pour faire de l’humour sur scène, François Massicotte a pourtant toujours refusé de s’y plier, préférant passer pour têtu plutôt que sot. Il faut dire que l’humoriste a appris à la grande école des gentlemen comedian américains. "Je suis allé vivre en Californie quand j’avais 11 ans pendant une année. Mon père avait pris une année sabbatique pour aller écrire un livre là-bas. On écoutait le Tonight Show et j’étais fasciné de voir Johnny Carson capable de faire rire avec des bonnes jokes tout en gardant sa dignité et sa classe, contrairement à ce que je voyais au Québec, où tout le monde devait se déguiser pour faire des personnages colons." Rester lui-même, jeans et chemise sur scène, allait selon Massicotte s’avérer fructueux. "Mon public, c’est le public de Tintin, de 7 à 77 ans. Les gens me font confiance, ils savent que je n’irai pas les offusquer, les déranger avec de la vulgarité, les provoquer. Ils savent que ça va être intelligent, nouveau et efficace. Je fais mes devoirs et je n’arrive pas tout croche."

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Martin Petit, François Morency