Le « K » Buster : Spécial « K »
Scène

Le « K » Buster : Spécial « K »

Le "K" Buster met en parallèle l’histoire du roi du slapstick et celle d’un comédien qui devait interpréter son rôle. Deux univers unis par un regard tant comique qu’imagé.

En nous racontant l’histoire de Buster Keaton depuis le point de vue d’un comédien qui l’admire, Le "K" Buster illustre de manière éloquente ce que cela peut signifier que d’être inspiré par un personnage quel qu’il soit. C’est-à-dire qu’une porte s’ouvre alors sur son imaginaire, que sa façon de voir les choses en vient à nous habiter. Ainsi, Francis (Raphaël Posadas), qui devait incarner sur scène "The Great Stoneface", n’est jamais vraiment seul dans sa chambre d’hôpital, puisque l’esprit de son idole y demeure omniprésent. De même, sa situation nie tout pathétique, tandis que les docteurs (Olivier Lépine), incapables d’identifier le mal dont il souffre, se succèdent en un manège grotesque propre à dédramatiser la maladie. Si bien qu’en plus de nous en apprendre beaucoup sur la vie de Keaton, au gré notamment d’un spectacle sous la direction du grand Houdini, cette création affirme un regard qui, en soi, rend un bel hommage à la star du muet.

Aussi, s’il est vrai que l’on rit des tableaux burlesques, énergiquement exécutés par les acteurs (également Alexandrine Warren), et que la musique (Josué Beaucage), essentielle dans un tel contexte, y devient un véritable personnage, c’est toutefois la façon de raconter cette histoire qui surprend et charme le plus. En effet, la mise en scène (Posadas et Lépine) ainsi que la scénographie (Julie Levesque) sur laquelle elle repose font preuve d’une inventivité, d’un ludisme savoureux. À travers des métamorphoses aussi simples qu’ingénieuses – des inscriptions à la craie, des malles qu’on ouvre, qu’on retourne, etc. -, de même que le recours à des projections ou à des marionnettes, l’ensemble mise donc beaucoup sur l’évocation. Or, les images qui s’ensuivent nous transportent par leur poésie, tout en créant une cohésion efficace entre les différents univers. Bref, une pièce qui se suffit à elle-même, mais non sans également nous donner envie de découvrir ou de revoir les films de Keaton.

À voir si vous aimez /
Le burlesque, l’imagination… et Buster, évidemment!