Isabelle Van Grimde : Éveil des sens
Scène

Isabelle Van Grimde : Éveil des sens

Avec Duo pour un violoncelle et un danseur, Isabelle Van Grimde s’associe à des scientifiques pour pousser plus loin sa recherche sur l’interaction entre la danse et la musique et enrichir notre perception du corps et de l’espace.

Loin de se reposer sur ses lauriers, Isabelle Van Grimde fait partie de ces créateurs qui creusent sans relâche leurs questionnements et qui prennent des risques pour amener le public un peu plus loin à chaque création. Concentrant sa recherche depuis l’an 2000 sur le dialogue entre la danse et la musique contemporaine, elle renoue avec le compositeur Sean Ferguson, un collaborateur de la toute première heure, pour intégrer des technologies de pointe dans Duo pour un violoncelle et un danseur. Ce sera la première oeuvre artistique à être présentée dans la salle multimédia de l’Université McGill, où les spectateurs jouiront d’un son Surround dispensé par une vingtaine de haut-parleurs.

"Le traitement du son en temps réel est effectué par Sean, mais nous sommes aussi en train d’apprivoiser la toute nouvelle technologie du T-Stick élaborée par le chercheur Joseph Malloch, commente la chorégraphe. Ce sont des contrôleurs musicaux programmables qui sont mis en action par le mouvement et qui agissent en fonction de leur orientation dans l’espace, de gestes précis et de la vitesse à laquelle ils sont déplacés. Ils sont manipulés par le danseur et lui permettent de capter, de transformer et de spatialiser la musique jouée par la violoncelliste."

Les expérimentations en étant à leurs balbutiements et Van Grimde ne souhaitant se laisser imposer aucun choix artistique par la technologie, la majorité du travail de spatialisation sera le fait de Ferguson dans cette première phase. Prévue pour une présentation d’ici deux ans, la seconde phase ajoutera la manipulation de l’image à celle du son en direct. Si nous devons donc modérer nos attentes quant aux premiers résultats de cette expérience menée avec le soutien scientifique, logistique et financier du Centre interdisciplinaire de recherche en musique, médias et technologie (CIRMMT) de l’Université McGill, nous pouvons espérer vivre des choses étonnantes et voir notre perception du corps et de l’espace modifiée.

"Grâce aux découvertes de la physique quantique, notamment, on sait qu’il n’y a rien de solide dans le corps humain, que la matière n’est faite que de vibrations. Cette idée ouvre toute une palette de possibilités et amène les danseurs à percevoir leur corps différemment", affirme la chorégraphe qui mène depuis des années des entrevues avec toutes sortes de spécialistes sur le thème du corps. "Parallèlement, le travail du son, qui est très vibratoire, a le même effet: la spatialisation du son et sa décomposition en pluie de particules sonores rendent la perception de la musique de façon plus concrète et en rapport avec l’espace, ce qui change aussi nos perceptions."

Comme d’habitude, la pièce est élaborée sur le principe de l’oeuvre ouverte si cher à Van Grimde: utilisant librement un vocabulaire gestuel ou musical choisi pour créer des effets précis à des moments donnés, le danseur Elijah Brown et la violoncelliste Chloé Dominguez entretiendront un dialogue sensible dont on nous propose d’être les vibrants témoins. Ouvert au grand public pour deux soirs seulement.