Le Salon Automate : Mécanismes humains
Scène

Le Salon Automate : Mécanismes humains

Avec Le Salon Automate, Nathalie Claude nous entraîne avec bonheur, mais non sans quelques maladresses et longueurs, dans son univers unique.

Entrer dans l’esprit de la comédienne, auteure et metteure en scène Nathalie Claude, probablement la plus extraterrestre des membres du collectif Momentum, c’est accepter de faire un voyage singulier, oser explorer des zones troubles de l’âme humaine, des sentiers sombres et tortueux. Cela dit, le voyage est tout de même presque toujours réjouissant, souvent même jubilatoire. On se souvient par exemple de Limbes/Limbo avec un immense bonheur. Quelle extraordinaire folie dont on ne saurait plus se passer!

La dernière création de Claude, Le Salon Automate, est "une pièce de théâtre pour une comédienne en chair et en os et trois automates", une subtile exploration philosophique des rapports complexes que l’homme entretient avec la machine, et plus précisément avec celle qu’il a créée à son image.

La scénographie de Raymond Marius Boucher est un étrange musée, un cabinet de curiosités dont l’architecture évoque la boîte à musique sous cloche de verre, le pavillon de campagne et la cage d’oiseau. En son sein, une hôtesse survoltée et ses trois convives rivés à leurs chaises, au sens propre, de troublants androïdes conçus par Boucher et Simon Laroche. Il y a l’Artiste de Cabaret, le Poète Dandy et la Mécène Buveuse. Céline Bonnier prête sa voix à la première, Patrice Coquereau, au deuxième, et Marie-France Lambert, particulièrement hilarante dans un registre où elle s’aventure rarement, à la troisième.

Dans la peau d’une femme que la tuberculose, et plus largement sa condition de mortelle, a obligée à construire trois automates pour lui faire la conversation et lui survivre – le personnage emprunte irrésistiblement au Dr Frankenstein, à Hedda Gabler et à Marguerite Gautier -, Nathalie Claude est admirable.

Malgré cela, le spectacle, qui fait près de deux heures, mériterait sérieusement d’être délesté de quelques passages. Si les deux premiers tiers de la soirée ravissent, le dernier segment gâche un peu la sauce en sombrant dans le didactisme et la redite, d’inutiles explications de ce qui avait été si habilement évoqué jusque-là. Cela dit, ces quelques faux pas ne devraient pas vous empêcher de tenter une expérience aussi spirituelle et singulière.