Vincent-Guillaume Otis : Heureux qui comme Ulysse
Scène

Vincent-Guillaume Otis : Heureux qui comme Ulysse

À la tête de Picouille Théâtre, Vincent-Guillaume Otis signe la mise en scène de la troisième production de sa compagnie, une adaptation de L’Odyssée par Fanny Britt.

Depuis 2003, Vincent-Guillaume Otis dirige Picouille Théâtre, une compagnie vouée à l’adaptation des classiques de la littérature internationale. On lui doit Le Capitaine Fracasse et Zorro, des spectacles qui, au total, ont été applaudis près de 200 fois. Avec L’Odyssée, le metteur en scène compte une fois de plus s’adresser directement à l’intelligence et à l’imaginaire des enfants. "Ma volonté, c’est de mettre ces grands personnages, ces grandes idées, dans la tête des enfants. J’espère leur donner envie de lire. J’essaie, très humblement, de faire de l’édification culturelle, de participer à l’éducation collective."

Créée en septembre dernier à la maison de la culture Frontenac, L’Odyssée de Picouille Théâtre est bien évidemment inspirée de l’oeuvre d’Homère. C’est la dramaturge Fanny Britt, qui avait déjà adapté Tom Sawyer il y a plus ou moins huit ans, qui revisite les aventures d’Ulysse pour un jeune public. "Adapter le récit d’Homère, explique Otis, c’est un sacré défi, un défi que je savais Fanny capable de relever. C’est un peu criminel comme travail, mais je pense que l’essentiel est là. Reste à espérer que les jeunes vont vouloir découvrir ce qu’il y a entre les moments forts, autour des grandes figures."

Ulysse a participé à la guerre de Troie. Dix ans se sont écoulés. Il doit maintenant, victorieux et flanqué de ses compagnons, retrouver le chemin d’Ithaque, son royaume, où l’attend sa femme Pénélope et son fils Télémaque. Ce qui aurait dû lui prendre quelques mois s’étendra sur dix autres années. Notre héros affrontera des épreuves qui solliciteront toute l’intelligence et la ruse qui ont fait de lui une légende. Pour défendre cette épopée, Otis a choisi Caroline Bouchard, Amélie Chérubin Soulières, Geoffrey Gaquère, Marie-Laurence Moreau et Mathieu Quesnel. "Il y a 48 personnages, et ils sont 5 pour les incarner. Disons qu’il fallait créer une convention claire. Nous avons choisi des masques qui amalgament la tradition grecque antique et la commedia dell’arte. Pour le décor, Jasmine Catudal a conçu un coffre qui devient un lit qui devient une vague. C’est le lit d’Ulysse, celui vers lequel il espère tant revenir, mais aussi celui où les enfants rêvent, celui où ils ont peur."

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UNE ANNÉE DE RÊVE

Ces jours-ci, Otis est sur toutes les tribunes. D’abord parce qu’on le verra bientôt au grand écran, dans le rôle-titre de Babine, le plus récent film de Luc Picard, une plongée dans l’univers du conteur Fred Pellerin. Ensuite, parce qu’il dévoile en ce moment sa mise en scène de Ceux que l’on porte, le texte d’un jeune auteur états-unien produit à l’Espace Go par le Théâtre PàP. "Cette année, ça n’a juste pas de sens, avoue celui qui vient d’entrer dans la trentaine et qui goûte depuis huit mois aux joies de la paternité. Je ne sais pas comment j’ai fait pour traverser tout ça. Je suis comblé. Cela dit, ma compagnie, c’est un acte politique dont j’ai besoin, c’est une question d’intégrité, une question d’éthique citoyenne. Disons que les autres sphères de mon métier ne me permettent pas toujours d’aller toucher ça."