Après la fin : Jeux de pouvoir
Avec Après la fin, une pièce de l’auteur britannique Dennis Kelly, Maxime Denommée orchestre un huis clos étouffant, un terrible jeu de pouvoir.
Après Tête première, un texte de l’Irlandais Mark O’Rowe qui lui avait fort bien réussi, Maxime Denommée s’attaque à la mise en scène d’un objet plus angoissant encore, plus machiavélique. Admirablement traduite par Fanny Britt, la pièce du Britannique Dennis Kelly, Après la fin, est une habile variation sur le thème bourreau-victime. D’une redoutable efficacité, le huis clos ne cesse, jusqu’à l’apothéose, de gagner en intensité, de jouer cruellement avec les nerfs des spectateurs.
Après une explosion, un attentat terroriste ou quelque chose de semblable, Mark a traîné Louise dans son abri nucléaire. Elle, c’est la belle fille sympathique, sexy et amusante, vive et perspicace. Lui, c’est l’archétype du mal-aimé, un type étrange, asocial, du genre qu’on évite, qu’on met à l’écart, qu’on traite en bouc émissaire. Entre les quatre murs de l’abri, quatre pieds sous terre, les masques tombent, un jeu de pouvoir qui pourrait bien être fatal se met en branle.
Mark, une véritable bombe à retardement, accable Louise de ses idées de droite, lui explique, très sérieux, l’obligation qu’ont à son avis les puissants d’utiliser leur pouvoir pour faire régner l’ordre et la justice. Peu à peu, notamment en la privant de nourriture, il parvient à l’humilier, à la soumettre au pire. S’ensuit, heureusement, un renversement des rôles et un revirement de situation, des moments-clés dont il ne faut rien dire de plus, au risque de gâcher votre plaisir, mais qui donnent tout son sens à la pièce.
Avec de tels rôles, menacés par la caricature – comme le sont par exemple ceux de Sarah Kane -, Sophie Cadieux et Maxim Gaudette s’en tirent à merveille. Froid et pourtant humain, le personnage de Gaudette semble épouvantablement convaincu du bien-fondé des gestes qu’il pose, des idées qu’il défend. De frivole et naïf qu’il paraît au départ, le personnage de Cadieux gagne, à vue d’oeil, lucidité et détermination. Il faut aussi souligner le travail encore une fois percutant d’Olivier Landreville (décor), Larsen Lupin (musique originale) et André Rioux (lumière). Pour faire monter la tension, les comédiens ne pouvaient espérer meilleur allié que cet espace particulièrement angoissant.