Le Dîner de cons : Devine qui vient dîner

À la base, il s’agit d’une pièce de théâtre, mais Le Dîner de cons de Francis Veber est surtout connu grâce au film. Jacques Villeret et Thierry Lhermitte y interprétaient brillamment le duo comique composé de François Pignon (le con) et Pierre Brochant (le "dénicheur de cons" qui s’avère également plutôt doué pour la connerie). Les deux personnages sont tellement associés à ces deux acteurs français de talent qu’on peut penser qu’il s’avère dangereux de monter une telle pièce; difficile de transcender l’original. Or, le Théâtre Voix d’accès, une troupe de Québec, semble avoir réussi sa mise en scène du texte de Veber; ce fut un grand succès à l’été 2007 dans la Vieille Capitale.

Les comédiens Nicolas Létourneau (Pignon) et Emmanuel Bédard (Brochant) le confirment: leur Dîner de cons, qu’ils jouent avec l’accent français, marche à tous les coups. "La situation est tellement forte. Un texte aussi puissant, ça existe, mais c’est rarement aussi efficace", explique Nicolas. "Il y a du génie dans la structure. Le public est piégé par la schématisation de cette histoire. C’est un build-up parfait! On l’entend dans la salle. À certains moments, c’est le délire", précise Emmanuel. Au dire des comédiens, le metteur en scène Renaud Paradis a bonifié la pièce avec des éclairages efficaces et d’audacieux effets sonores.

De plus, cette comédie de situation recèle une certaine morale, soit celle qu’on est toujours le con de quelqu’un d’autre. "Dans le fond, c’est l’histoire d’un gars qui, par pure méchanceté ou par inconscience, se retrouve dans l’embarras", résume Nicolas. Malgré tout, il ne faut pas juger trop vite le personnage de Brochant selon Emmanuel Bédard: "On porte souvent des jugements qu’on ne pense pas vraiment. On le fait tous." Qu’on se le tienne pour dit!

UN CON DE CLASSE… PROVINCIALE

Le personnage de François Pignon est annoncé comme un "con de classe mondiale". A-t-on un con de cette envergure au Québec? Selon Nicolas Létourneau, le personnage d’Olivier Guimond est une bonne représentation du con québécois. L’exemple d’Emmanuel Bédard s’avère également pertinent: "Sans juger la personne (car je crois bien qu’il s’agit d’un personnage), Le Dîner de cons prend forme au Québec lorsqu’on invite Fidel Lachance aux différentes émissions de télé. Je ne veux pas le traiter de con, car je ne crois pas qu’il soit idiot. Il doit savoir qu’il se retrouve ensuite sur YouTube. Reste qu’il y a un réel plaisir à l’écouter parler. Le phénomène québécois à la Dîner de cons, c’est ça." Plus besoin d’organiser un dîner pour voir et entendre des cons en action, on n’a qu’à aller sur Internet… ou au théâtre!

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