Les Grandes Gueules : Amuse-bouches
Les Grandes Gueules enfilent costards, cravates et souliers vernis pour se faufiler dans le glam de leur second spectacle, un assortiment d’humour et de variétés.
Ils ne passent jamais plusieurs jours sans se voir. Ils terminent les phrases l’un de l’autre. Ils se connaissent depuis la polyvalente – où on les surnommait "les frères cosmiques". Ils ont déjà été colocataires, et après que l’un – José Gaudet – eut oeuvré comme attaché politique et que l’autre – Mario Tessier – eut fait l’armée, ils se présentaient en duo à l’École nationale de l’humour. Quelques années plus tard, un certain Josélito Michaud, gérant de l’époque, insistait vigoureusement auprès d’une station de radio montréalaise pour qu’elle auditionne ses jeunes recrues. Et c’était parti pour Les Amuse-Gueules, rebaptisés depuis Les Grandes Gueules.
À la surprise générale, à l’automne 2006, les deux fins finauds annonçaient leur départ de la station Énergie, où leur émission du retour atteignait le sommet des palmarès avec 1 206 000 auditeurs à la grandeur de la province. Ils mettaient ainsi un terme à 15 ans de carrière radiophonique, où leurs sketchs avaient donné naissance à une multitude de personnages farfelus dont les classiques Ti-Rouge, Jocelyne, Robert, Enrique, No-Where, Armand…
Un désir de retrouver la scène et de se "mettre en danger", justifiaient-ils alors. Leur premier spectacle, Les Grandes Gueules – Le Show, avait été vu en 2000 par 100 000 spectateurs – sans compter les ventes du DVD! -, mais les deux humoristes avaient aussitôt regagné leur micro. Ce chapitre radiophonique s’achevait ainsi en 2007 par la sortie du CD/DVD/livre La Petite Histoire des Grandes Gueules à la radio. Cette même année, cinq Olivier venaient aussi réaffirmer leur capital de sympathie au Québec.
Habitués à régurgiter le matériel nécessaire pour meubler une quotidienne, les deux potes sont retournés dans leurs chaumières, clopin-clopant, pour écrire un second spectacle qu’ils baptiseraient plus tard Complices. "Ça fait du bien de changer de beat de création quand ça fait 15 ans que tu livres un show à tous les jours. Il y a de la place pour réfléchir, peaufiner, aller plus loin, chercher l’idée qui tue", constate José.
GG, SAVEUR AMELIOREE
Écrit à trois mains – leur scripteur de longue date, Rémi Bellerive, s’étant joint en cours de route au duo -, le spectacle a aussi bénéficié du bon regard de Lise Dion à la mise en scène, qui a contribué au choix de numéros finaux. "C’est un grand spectacle de variétés, résume Mario. On s’ennuyait des années cabaret où les artistes touchaient un peu à tout: la danse, le chant, la musique. On a essayé de recréer cet univers avec quelques numéros, dont un qui fait un clin d’oeil à l’époque de Dean Martin et Jerry Lewis. Il y a plusieurs tableaux différents avec également du slapstick, de l’humour physique ou plus songé… Il y a une belle palette."
Le couple professionnel qu’on a déjà soupçonné de partager la couette s’amuse avec ces vieux ragots pour imaginer ce qu’aurait pu être sa vie conjugale. "On ne joue pas le numéro style "cage aux folles", mais vraiment comme si c’était vrai, atteste Mario. Il y a beaucoup de non-dits, c’est un numéro très visuel, alors ça crée des malaises et on joue sur cette émotion-là."
Les personnages connus vont aussi revenir faire leur tour au royaume des gueuletons… "Il y a un numéro intitulé Pas de talent à revendre où ils reviennent en rafale, en plus de deux nouveaux personnages. On avait tellement de personnages caricaturés que ça nous tentait pas d’en créer plusieurs autres. On a trouvé une twist pour les ramener, mais les autres numéros nous amènent vraiment ailleurs", précise José.
Sur le point d’atteindre le cap des 20 ans de carrière, Les Grandes Gueules comptent bien faire de cette large palette de genres – ils jouent de la trompette et du saxophone en guise d’ouverture – leur nouvelle signature. "Je pense qu’on aurait déçu les gens si on n’avait pas trouvé des façons intelligentes de ramener les personnages qu’ils connaissent. On ne voulait pas non plus faire de déchirure ou renier ce qu’on a fait avant. Même si parfois, c’était n’importe quoi à la radio! Je suis quand même ultra fier de ce qu’on a accompli, parce que c’est un marathon, la radio! Alors le spectacle Complices, c’est peut-être pas "Les Grandes Gueules nouveaux", mais c’est Les Grandes Gueules, saveur améliorée", s’amuse José avant d’éclater de son rire nasillard typique.
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