Stephen Mottram : Vingt mille lieues sous les mers
Scène

Stephen Mottram : Vingt mille lieues sous les mers

Grâce à Casteliers, un organisme voué à la diffusion des arts de la marionnette à Montréal, le Britannique Stephen Mottram débarque avec The Seas of Organillo, une pièce aquatique pour marionnettes à fils et petits automates.

Le Britannique Stephen Mottram est de ces très rares marionnettistes qui persistent à travailler presque exclusivement avec des marionnettes à fils. Dans un français timide mais admirable, il dira qu’il le fait par amour, mais surtout parce qu’il s’émerveille chaque fois de la réaction du public. "Regarder une marionnette à fils bouger, c’est effectivement fascinant, et je ne vais pas priver les gens de ce plaisir." Plaisir il y aura sans doute, sachant que Mottram est un expert de la manipulation que les écoles de théâtre s’arrachent d’un bout à l’autre de l’Occident. Avis aux intéressés, il donnera aussi une conférence à l’École supérieure de théâtre de l’UQAM le mardi 28 octobre.

The Seas of Organillo est un spectacle sans paroles mis en scène par Deana Rankin, "un conte universel pour adultes", dit le communiqué. Dans les profondeurs des mers anciennes d’Organillo, un couple d’humains rencontre des créatures sous-marines (entre autres, des poissons et des pieuvres automatisés conçus et fabriqués par Mottram lui-même) en un parcours vaporeux et allégorique qui rappelle, selon la vision du créateur, le miracle de la naissance.

"En fait, précise-t-il, je me suis inspiré de deux bouquins formidables: d’abord un livre pédagogique de Lars Hamberger (A Child Is Born), sur le processus de fertilité et la croissance d’un embryon dans le ventre de la mère, qui contient d’extraordinaires photos du Suédois Lennart Nilsson. Et puis un essai scientifique d’Elaine Morgan, The Aquatic Ape Hypothesis, qui présente la théorie des origines aquatiques de l’homme. Le spectacle tisse des liens entre ces deux univers, l’océan devenant en quelque sorte la matrice amniotique où se développe l’être humain."

Suite d’images non narratives "mais n’échappant pas totalement à une certaine progression dramatique", The Seas of Organillo est bercé par la musique du compositeur argentin Sebastian Castagna. Les deux hommes travaillent ensemble pour la première fois, mais cette fusion entre marionnettes à fils et musique électroacoustique est le trait distinctif de Mottram. Avec Glyn Perrin et d’autres collaborateurs, il développe cette spécialité depuis son tout premier spectacle, In Suspension, en 1988, au sein d’Animata, sa propre compagnie. "Mais cette fois, il s’agit d’un travail un peu différent, souligne-t-il, Sebastian a composé la musique avec un petit orgue mécanique que j’ai construit, et ça donne quelque chose de très mystérieux, très sensoriel. Il y a mixé des enregistrements de sons aquatiques et organiques rappelant les bruits de l’enfant dans le ventre de sa mère."

Qui plus est, le spectacle arrive à Montréal dans sa version la plus achevée. Après une première mouture louangée par la presse britannique en 2000, Mottram a tout remanié en 2003 et 2004 avant de repartir en tournée européenne, séduisant tous les publics sur son passage. Une occasion unique de découvrir son travail, présenté pour la première fois en Amérique du Nord.

Consultez la page du Théâtre La Chapelle au www.voir.ca/lachapelle.