Le Meilleur du théâtre : Comédies françaises
Scène

Le Meilleur du théâtre : Comédies françaises

Dans une collection intitulée Le Meilleur du théâtre, la société québécoise Lea Films fait paraître ces jours-ci sept DVD, des captations relativement récentes de quatre Molière et trois Feydeau.

De Molière, il y a L’Avare, dans une mise en scène de Jean-Claude Idée (Théâtre Royal du Parc, Bruxelles, 1999); Dom Juan, dans une mise en scène d’Armand Delcampe (Abbaye de Villers-la-Ville, Belgique, 1999); Les Femmes savantes, dans une mise en scène de Béatrice Agenin (Théâtre Victor-Hugo, Bagneux, France, 2000) et Les Fourberies de Scapin, dans une mise en scène de Pierre Fox (Théâtre Royal du Parc, Bruxelles, 2004). De Feydeau, il y a Le Dindon, dans une mise en scène de Francis Perrin (Théâtre Princesse Grace, Monaco, 2003); Un fil à la patte, dans une mise en scène d’Alain Sachs (Théâtre de la Porte Saint-Martin, Paris, 2000) et La Puce à l’oreille, dans une mise en scène de Bernard Murat (Théâtre des Variétés, Paris, 1998).

Les sept DVD ont été produits par la COPAT (Coopérative de production audiovisuelle théâtrale), un organisme français qui enregistre, devant public, le plus souvent dans des institutions privées, les grands succès de la scène française, belge et suisse. Dans la collection, qui comprend à ce jour près de 140 titres et qui s’accroît d’un ou deux DVD par mois, tous les genres sont représentés, du classique au contemporain, du drame à la comédie. Il s’agit généralement de textes français, mais on trouve aussi des pièces chinoises, suisses, irlandaises ou encore allemandes. En ce qui concerne la réalisation, sauf exception, les choses sont faites correctement, sans plus. L’absence de livret est regrettable, tout autant que la désarmante brièveté des entrevues offertes en guise de suppléments.

OEuvre féministe avant l’heure, plaidoyer satirique pour un accès universel à la connaissance, mais surtout brillante dénonciation de la pédanterie, Les Femmes savantes sont encore et toujours un pur délice. Béatrice Agenin, la metteure en scène, qui joue également le rôle d’Armande (mentionnons qu’elle a appartenu à la Comédie-Française de 1974 à 1984), prend le parti du divertissement, du rire et de la caricature. Si elle est sans grande surprise, pour ne pas dire conventionnelle, sa relecture est néanmoins efficace, en grande partie grâce à la conviction des acteurs. En Bélise, la rondelette Dominique Blanchar est irrésistiblement comique. On s’explique aisément que son interprétation lui ait valu en 2000 le Molière de la meilleure comédienne dans un second rôle. Il faut aussi dire un mot sur Elise Pottier, une comédienne qui oeuvre maintenant comme auteure-compositrice-interprète sous le pseudonyme de Berry (si vous êtes intrigués, allez tendre l’oreille au casadeberry.artistes.universalmusic.fr). Dans la robe d’Henriette, le seul personnage qui ne soit pas dupe des mensonges du perfide Trissotin, la jolie jeune femme est fort convaincante, émouvante même.

Dans La Puce à l’oreille, inénarrable vaudeville, Jean-Paul Belmondo démontre qu’il a encore du ressort. Entre le comédien et le public, riant au quart de tour, la complicité est palpable. Le metteur en scène Bernard Murat, spécialiste de Feydeau mais aussi de Guitry, s’est saisi de la mécanique implacable de cette délirante histoire d’adultère et de sosie avec poigne, mais il l’a fait aussi dans la plus pure tradition, c’est-à-dire sans grande imagination. Entrant, sortant, courant, rampant, titubant, grimaçant, hurlant et gesticulant à souhait, les acteurs sont gymnastes, mais ils en font beaucoup. Disons que pour apprécier l’aventure, il faut aimer le genre et ses clichés. Follement.

Si cette première sélection de DVD obtient un certain succès, qui sait, peut-être que Lea Films décidera de lancer sur le marché québécois les titres les plus audacieux de la foisonnante collection de la COPAT. Mentionnons par exemple Le Cercle de craie caucasien, de Brecht, dirigé par Benno Besson, Au bord de la vie, de Gao Xingjian, Prix Nobel de littérature, Top Dogs, d’Urs Widmer, dans une mise en scène de Daniel Benoin, Agatha, superbe partition de Duras revisitée par Jacques Malaterre, ou encore les nombreuses et réjouissantes productions du Théâtre du Rond-Point (où exercent notamment Olivier Py, Pippo Delbono et Jean-Michel Ribes). Imaginez le bonheur que cela représenterait pour les amateurs de théâtre, les professeurs et les étudiants de la province. Pour vous rincer l’oeil, rendez-vous au www.copat.fr.