Anik Bissonnette : Rendre honneur
Scène

Anik Bissonnette : Rendre honneur

Avec Kylián le grand, une occasion offerte par Danse Danse de découvrir le Ballet du Théâtre National de Slovaquie, Anik Bissonnette et Mário Radacovsky rendent hommage à une figure majeure du ballet contemporain.

"C’est mon chorégraphe fétiche, lance Anik Bissonnette. Ses ballets me touchent énormément par leur musicalité, l’esthétique et la clarté du mouvement. Je l’admire aussi beaucoup comme être humain, pour son intelligence, sa générosité et le grand respect qu’il a pour tous ceux qui l’entourent." L’ex-étoile des Grands Ballets Canadiens de Montréal (GBCM) n’est pas la seule à être impressionnée par Jirí Kylián, chorégraphe d’origine tchèque qui s’est illustré pendant plus de 20 ans à la tête du célèbre Nederlands Dans Theater (NDT). Au-delà de ses quelque 90 oeuvres, du renouvellement stylistique, de la rigueur et de l’élégance qui le caractérisent, on souligne ses qualités humaines jusque dans le Dictionnaire de la danse.

"Quand on a travaillé avec Mário Radacovsky sur l’idée d’un spectacle-hommage pour le Festival des Arts de Saint-Sauveur, Jirí lui a demandé de bien faire attention de ne pas le mettre sur un piédestal, raconte l’ex-ballerine, également directrice artistique du festival laurentien. Mais c’est un homme extraordinaire que je voulais mieux faire connaître au public d’ici. Et comme il voyage peu car il a peur de l’avion, j’ai eu l’idée de faire un film."

Accompagnée de sa soeur, la réalisatrice Sophie Bissonnette, la danseuse a donc traversé l’Atlantique pour en ramener un film qui mêle des entrevues de Kylián et d’interprètes qui l’ont côtoyé. Dans la version remaniée du spectacle créé en 2006 pour Saint-Sauveur, neuf oeuvres dansées sont intercalées entre de courtes séquences du documentaire. "Nous avons fait appel au metteur en scène François Flamand pour que tout coule bien et qu’on ne sente pas de rupture entre les pièces, explique Bissonnette. Le film avec Jirí est le fil conducteur. Il y parle de toutes sortes de choses et y explique très bien pourquoi il a fondé NDT II et NDT III."

Créées respectivement pour des danseurs de moins de 23 ans et de plus de 40 ans, ces compagnies parallèles au NDT ont permis à des artistes comme la Japonaise Megumi Nakamura de faire leurs premières armes ou, comme la Québécoise Gioconda Barbuto, de déployer la splendeur de leur maturité. On aura le plaisir de revoir cette dernière avec David Krüger dans un extrait de l’hilarant film Birth-Day et ils danseront un duo de Johan Inger, l’un des émules de Kylián. Tout comme Paul Lightfoot, Sol León et Radacovsky, autres créateurs à l’affiche de la soirée, il a été l’un des heureux disciples de ce découvreur de talents.

"Ils ont tous dansé ensemble au NDT à la même période, commente Bissonnette. Jirí a été un mentor pour chacun d’entre eux de manière différente. Depuis que Mário est directeur artistique du Ballet du Théâtre National de Slovaquie, il s’est beaucoup déplacé à Bratislava pour le conseiller." Après sept années passées au NDT et un passage éclair et remarqué aux GBCM, Mário Radacovsky est retourné dans la compagnie de ses débuts pour y insuffler un vent de modernité. Tandis que Bissonnette tire sa dernière révérence avec ce spectacle, il nous offre un regard sur son actualité en débarquant avec 14 danseurs de sa compagnie. Une soirée symbolique à plusieurs égards.