Les Grandes Gueules : À quatre épingles
Scène

Les Grandes Gueules : À quatre épingles

Les Grandes Gueules enfilent costards, cravates et souliers vernis pour se faufiler dans Complices, leur second spectacle, un assortiment d’humour et de variétés.

Ils ne passent jamais plusieurs jours sans se voir. Ils terminent les phrases l’un de l’autre. Ils se connaissent depuis la polyvalente – où on les surnommait "les frères cosmiques". Ils ont déjà été colocataires, et après que l’un – José Gaudet – eut oeuvré comme attaché politique et que l’autre – Mario Tessier – eut fait l’armée, ils se présentaient en duo à l’École nationale de l’humour. Quelques années plus tard, un certain Josélito Michaud, gérant de l’époque, insistait vigoureusement auprès d’une station de radio montréalaise pour qu’elle auditionne ses jeunes recrues. Et c’était parti pour Les Amuse-Gueules, rebaptisés depuis Les Grandes Gueules.

À la surprise générale, à l’automne 2006, les deux fins finauds annonçaient leur départ de la station Énergie, où leur émission du retour atteignait le sommet des palmarès avec 1 206 000 auditeurs à la grandeur de la province. Ils mettaient ainsi un terme à 15 ans de carrière radiophonique. Un désir de retrouver la scène et de se "mettre en danger", justifiaient-ils alors. Après un premier spectacle, Les Grandes Gueules – Le Show, vu en 2000 par 100 000 spectateurs, les deux potes sont retournés dans leurs chaumières, clopin-clopant, pour écrire un second spectacle qu’ils baptiseraient plus tard Complices. "Ça fait du bien de changer de beat de création quand ça fait 15 ans que tu livres un show à tous les jours. Il y a de la place pour réfléchir, peaufiner, aller plus loin, chercher l’idée qui tue", constate José.

Écrit à trois mains – leur scripteur de longue date, Rémi Bellerive, s’étant joint en cours de route au duo -, le spectacle a aussi bénéficié du bon regard de Lise Dion à la mise en scène, qui a contribué au choix de numéros finaux. "C’est un grand spectacle de variétés, résume Mario. On s’ennuyait des années cabaret où les artistes touchaient un peu à tout: la danse, le chant, la musique. On a essayé de recréer cet univers avec quelques numéros, dont un qui fait un clin d’oeil à l’époque de Dean Martin et Jerry Lewis."

Ayant eu recours aux services de Monique Vincent, de l’émission Le Match des étoiles, le tandem a mis plus de 100 heures à apprendre un numéro de danse et de chant de Lewis-Martin, qu’ils présentent simultanément avec la projection de la vidéo datant de 1953. "C’est toute notre enfance. On ne se connaissait pas à ce moment-là, mais on tripait tous les deux sur eux! En duo, tu ne peux pas raconter ta vie, mais c’était un point qu’on avait en commun. On est partis de là pour raconter pourquoi on fait ce métier-là aujourd’hui", d’expliquer José. "C’est un numéro magique, touchant, plus nostalgique que drôle", ajoute Mario.

Avec cette nouvelle approche venait aussi l’envie pour les deux hommes de 37 ans de jouer la carte de l’élégance. "C’est le côté cabaret qui nous a excités, explique José. Puis, on ne voulait pas être habillés comme le monde dans la salle. Pour nous, c’était important, alors on revêt de très beaux habits. La facture du spectacle est soignée, autant le visuel du décor que nous. Pas chic dans le propos, par contre, parce qu’on s’amuse énormément, on se promène dans plein d’univers… Mais c’est un show léché, disons-le."