Louisette Dussault : Mon coeur est un iceberg
Scène

Louisette Dussault : Mon coeur est un iceberg

Louisette Dussault renoue avec la scène dans D’Alaska, une pièce pour adolescents où deux générations croisent le fer.

Créée au printemps 2007 par le Théâtre Bluff, la pièce D’Alaska de Sébastien Harrisson aborde les questions de la rupture amoureuse, de l’amitié et des liens intergénérationnels aussi bien que les thèmes plus pointus de l’orientation sexuelle et de la maladie.

Maussade et effronté, Aujourd’hui (Christian E. Roy) prend en otage Madame (Louisette Dussault), une bibliothécaire de 70 ans qui n’a rien à perdre – son amie de coeur l’a quittée pour une jeune fille de l’Alaska, après 40 ans de vie amoureuse. Pour sa part, l’ado ne se remet pas du départ de son meilleur ami et colocataire, parti abruptement à l’étranger. De fil en aiguille, et avec une rage inopinée, les deux rivaux finiront par construire une relation basée sur leurs blessures communes. "Je pense que c’est une vieille âme, mon auteur", sourit Louisette Dussault à propos du dramaturge de 25 ans qui écrit de "si beaux personnages âgés", selon elle.

D’abord approchée par le metteur en scène Frédéric Dubois pour une simple lecture publique, la comédienne a été renversée, au point d’insister pour que la production voie le jour. Ce qui se concrétisa, au plus grand bonheur de celle qui, bien malgré elle, n’avait pas touché les planches depuis six ans.

Happée par "la réalité" et "la profondeur" du rôle, Louisette Dussault a ressenti le besoin de s’en rapprocher intrinsèquement. "Je teins mes cheveux depuis 1900-j’sais-pu-quoi. J’en ai eu assez, je voulais voir où j’en étais, moi, à mon âge, dans la soixantaine. Je me suis coupé les cheveux et je me suis vu grise!" relate celle qui endosse un personnage de 10 ans son aîné. "Je grandis avec ce rôle. Je m’ouvre à la vie, à ce qu’il me reste à vivre. À faire le deuil de ma façon de voir le métier aussi", souligne celle qui affectionne particulièrement la vie de tournée.

Allant dans le même sens que son auteur, Louisette Dussault assure que la pièce s’adresse autant aux adolescents qu’aux personnes âgées, mais aussi à tout ce qui erre entre les deux. "La relation d’amour filial qui se développe entre les deux personnages ressemble beaucoup à celle entre grands-parents et petits-enfants. Il y a une harmonie qui se crée qui n’est pas forcément possible dans la relation parent-enfant", relève l’âme de grand-mère.

À voir si vous aimez / Floes de Sébastien Harrisson, Vincent River de Philip Ridley