Oleanna : Rapports de force
Scène

Oleanna : Rapports de force

Avec Oleanna de David Mamet, Les Nouveaux Compagnons étudient les rapports de pouvoir et les coulisses du système universitaire américain.

1994. Éric Ahern, professeur à l’UQTR en soins infirmiers et comédien, termine alors une maîtrise à l’Université de Montréal. Comme il s’occupe d’un comité de prévention sur le harcèlement sexuel, on lui suggère d’assister à Oleanna, une pièce de David Mamet (Les Incorruptibles, Hoffa) mise en scène par Micheline Lanctôt qui traite de la relation trouble entre une étudiante et son professeur d’université. "Je me suis retrouvé au Quat’Sous. C’est tout petit, ce théâtre. La scénographie, c’était un bureau, deux chaises, et tout le public était alentour. J’étais au premier rang et ce qui était le plus surprenant, c’est que je sentais la chaleur des comédiens – Germain Houde et Nathalie Malette", se souvient-il.

Cette expérience, Ahern a eu envie de la reproduire avec le public trifluvien. Voilà pourquoi, pour la 88e production des Nouveaux Compagnons, il met en scène ce huis clos cynique qui critique le système scolaire américain et qui repose essentiellement sur un pervers jeu de pouvoir entre deux comédiens (Patrick Lacombe et Marie Provencher) – "Dans le domaine scientifique, on dit souvent qu’on peut faire parler les chiffres. Lui, Mamet, dit qu’on peut faire parler les mots", commente-t-il. Et, question de recréer la proximité qu’il avait tant aimée, le Trifluvien assoira les quelque 80 spectateurs directement sur la scène de la Maison de la culture.

Cette première production de la saison tranche par ailleurs avec ce que les Nouveaux Compagnons présentent habituellement. La compagnie aurait-elle réorienté son tir? Éric Ahern acquiesce: "J’ai accepté d’être directeur artistique pour la saison 2008-2009. J’avais comme condition, et c’était partagé par tous les gens du C. A., qu’on délaisse un peu le créneau des pièces d’auteurs locaux qui n’ont pas été jouées. Parce que c’est un peu casse-cou: ça n’a pas été joué! Donc j’ai proposé qu’on se tourne vers des pièces, peu importe le type, qui ont fait leurs preuves. Après, c’est plus facile d’attirer des metteurs en scène et de bons comédiens parce qu’ils ont confiance dans le texte et qu’ils ont envie de le jouer."