Çaturn : Le cycle de la vie
Scène

Çaturn : Le cycle de la vie

Avec Çaturn, Naomi Stikeman fait dialoguer danse et image avec ludisme et sensibilité.

On ne saurait trop remercier l’équipe de Danse-Cité d’avoir accordé sa confiance à la jeune Naomi Stikeman. Çaturn est un vrai bonheur, une rencontre entre la danse et la vidéo qui offre réflexion et émotion, tendresse et intelligence. Il faut dire que Stikeman, réalisatrice, directrice artistique et interprète, mais aussi directrice de la compagnie One Yellow Fish, qui coproduit le spectacle, a réuni une équipe de créateurs hors pair. Parmi eux, il y a le danseur et chorégraphe Peter Chu, la chorégraphe Crystal Pite, le réalisateur et compositeur Matthew Banks et le compositeur Alexander MacSween.

Au coeur de Çaturn, il y a une riche métaphore, celle des cheveux. Dans les nombreux petits films qui rythment la représentation, des séquences pleines de drôlerie mais aussi de trouvailles cinématographiques, de moments émouvants et d’informations scientifiques, on découvre Sophie, une charmante petite poupée qui refuse de couper ses longs cheveux. On comprend vite que sa tignasse symbolise en quelque sorte son âme, son enfance, ses racines, ce qui la relie à sa mère, à sa grand-mère (Janine Sutto, touchante), à son amie Chanelle (Frédérike Bédard, exquise), coiffeuse de profession, et à toutes les femmes de l’humanité. Mais, pour faire la paix avec son passé, faire le deuil, accepter la mort, le changement, il faut bien se résoudre à couper ses cheveux, et pourquoi pas… changer de couleur. Depuis les dinosaures jusqu’à nous, c’est l’ordre des choses, le cycle de la vie, le mouvement des planètes, la passation d’une énergie vitale dont le spectacle est en soi une formidable incarnation.

Sur scène, les séquences dansées font superbement écho aux séquences filmiques. Dans un espace que l’éclairagiste Lucie Bazzo découpe avec expertise, les solos et les duos tiennent parfois du ballet mais plus souvent du hip-hop, de sa gestuelle saccadée et vigoureuse. Souvent, les perruques de Richard Hansen, de véritables oeuvres d’art, font office de personnages. Le plus beau, c’est que la danse, ici dotée d’un caractère manifestement narratif, ne perd pas une once de sa force d’évocation, pas un gramme de son abstraction fondamentale. On en redemande.

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