Down Dangerous Passes Road : Déjà vu
En signant la mise en scène de Down Dangerous Passes Road, une pièce de Michel Marc Bouchard sur les blessures de l’enfance, Emma Tibaldo poursuit son exploration de la dramaturgie québécoise.
Créée en 1998 chez Duceppe, dans une mise en scène de Serge Denoncourt, Le Chemin des Passes-Dangereuses se déroule entre la vie et la mort, dans une forêt imaginaire où trois frères n’ont d’autres choix que de se rencontrer, de revenir sur le drame qui entoure la mort de leur père et qui mine depuis 15 ans leurs existences. Le règlement de compte sera truffé d’ironie, de cynisme, d’accusations, de larmes et de cris, mais aussi de révélations, de tendresse et de pardon.
Traduite par Linda Gaboriau sous le titre Down Dangerous Passes Road, la pièce est mise en scène ces jours-ci par Emma Tibaldo, celle-là même qui dirigeait la saison dernière That Woman, traduction anglaise de Celle-là, l’une des premières pièces de Daniel Danis. Il y a 10 ans, Denoncourt avait opté pour un décor colossal, un roc immense, une camionnette entière, des arbres, un bassin, une scénographie d’une ampleur pour le moins discutable. Tibaldo opte, quant à elle, pour la sobriété. Sur scène, quelques pans de papier évoquent les sentiers sinueux d’une forêt. Si le dépouillement est appréciable, les images de lacs, de forêts, de routes et de corps boueux qu’on projette sur le décor ne sont jamais convaincantes. Pour le reste, la mise en scène est bien conventionnelle. Pas de sensualité, pas d’étrangeté, pas de fantastique, pas d’envolées lyriques… Soyons clair, la lecture témoigne d’une compréhension indéniable de l’oeuvre, mais, beaucoup trop sage, elle ne l’entraîne nulle part. Heureusement, les comédiens sont justes et fort bien dirigés. Avec leurs personnages, souvent stéréotypés il faut le dire, ils parviennent à se tenir bien loin de la caricature.
Dans le rôle de Victor, le plus vieux des trois frères, celui qui a gardé contact avec la forêt, Graham Cuthbertson est tout à fait correct. Mais c’est entre Ambrose, un intellectuel gai qui vit à Montréal, et Carl, l’employé d’un magasin à grande surface qui habite Québec, que l’essentiel se joue. Dans la peau du premier, Marcelo Arroyo, un comédien qui soit dit en passant est aussi à l’aise en français qu’en anglais ou en espagnol, est vif et touchant. Dans les habits du second, Patrick Costello arrive aussi à émouvoir, notamment en faisant ressortir le côté adolescent de son personnage. Entre les deux, le courant passe, assez pour nous garder en alerte jusqu’à la toute fin.
Consultez la page du Théâtre La Chapelle au www.voir.ca/lachapelle