Johnny Forget jr. : La première fois
Scène

Johnny Forget jr. : La première fois

Johnny Forget jr. s’apprête à dévoiler, non sans nervosité, son premier spectacle d’humour solo, L’Axe du bien.

Voici qu’un nouvel humoriste débarque dans le paysage. Un de ceux qui refusent de suivre le parcours traditionnel. Vous savez, celui qui mène de l’École nationale de l’humour au Théâtre St-Denis? Après un passage à l’École Polytechnique – il voulait devenir chimiste -, quelques années à construire des sites Web – pour gagner sa vie à une époque où il devait expliquer à ses clients ce qu’était Internet -, et surtout une formation en interprétation au Conservatoire d’art dramatique de Montréal – une période difficile mais combien formatrice -, Johnny Forget jr. ose produire son premier spectacle d’humour.

"J’ai toujours été un mouton noir, avoue-t-il, un être indépendant, mystérieux et contradictoire. Je n’ai pas du tout suivi le parcours habituel." Depuis la fin de ses études, le jeune homme refuse en effet systématiquement tout contact avec la télévision ou la publicité. Ne lui parlez pas non plus de subventions, d’agent ou d’auditions, il n’en a que faire. Sa vraie passion, c’est le théâtre. Il fait d’ailleurs toujours partie d’une troupe, celle du Général Bol.

Pourtant, Forget estime aussi que le théâtre est un art inadéquat. "J’adore le théâtre. J’adore faire et voir du théâtre. Mais je sais qu’en général, le grand public s’ennuie au théâtre. Je joue depuis huit ans devant des poignées de gens; à un moment donné, il faut admettre qu’il y a un problème. Comment un humoriste, seul sur scène et sans décor, peut-il susciter plus d’intérêt que l’ensemble des talents combinés d’une troupe? Je suis convaincu que pour désennuyer les spectateurs, il faut les interpeller directement, briser le quatrième mur."

C’est ainsi que la voie de l’humour s’impose. "Je n’ai jamais voulu être humoriste, précise celui qui écrit lui-même ses textes mais qui bénéficie des précieux conseils de la metteure en scène Valérie Cabana. Je me suis simplement dit que si c’était ça que les gens voulaient, j’allais le leur donner. Je n’ai pas beaucoup d’expérience, mais je saute dans le bain, je bûche comme un malade. Ces jours-ci, je capote un peu, mais bon, ça prend une première fois, non?"

Parce qu’il est convaincu que la fiction intéresse moins que la réalité, mais surtout pour s’assurer de ne pas jouer une fois de plus devant un public clairsemé, le jeune homme a décidé de nourrir un vidéo-blogue. Au www.johnnyforget.com, on trouve une mini-téléréalité artisanale, une suite de capsules qui retracent les angoisses et les joies de l’humoriste à travers les étapes de la création de son spectacle. "Je me cherchais une façon d’intéresser le monde à mon cas sans passer par la télévision, un moyen de faire parler de moi tout en échappant au culte de la célébrité. Au fond, j’applique les mêmes principes dans mon blogue que dans mon spectacle. Je m’adresse directement aux gens."

Comment le principal intéressé définit-il son humour? "Je dis ce que je pense. Je parle des choses que j’ai vécues, je raconte des anecdotes personnelles, absurdes, mais il y a aussi des moments où je tiens des propos assez engagés. On se considère comme les bons, mais on est pas mal ceux qui foutent le plus le bordel sur la planète. L’axe du mal n’est peut-être pas celui qu’on pense. Sur papier, ce que je dis, c’est plate à mourir. Ce qui est drôle, c’est la façon de le dire. En fait, je dirais que je fais de l’humour d’attitude."