Dave St-Pierre : L'éternel féminin
Scène

Dave St-Pierre : L’éternel féminin

Dave St-Pierre répond à une commande de la compagnie Mandala Sitù en créant Warning, une pièce pour quatre danseuses qui interroge la condition féminine.

"Il y a autant d’émotions et de questions qui surgissent quand on travaille avec Dave St-Pierre que quand on voit un de ses spectacles", affirme la danseuse Mélanie Haché. Après quelque 300 heures passées en studio avec le chorégraphe iconoclaste, la directrice artistique de Mandala Sitù en sait quelque chose. "Quand on lui a demandé de créer une pièce pour nous, on anticipait le résultat que ça pouvait donner, mais on n’imaginait pas que le processus serait aussi exigeant physiquement et émotionnellement", renchérit son associée, Marie-Gabrielle Ménard, directrice générale de la compagnie. "Parce que Dave n’a pas de pudeur et de tabous. Avec lui, il n’y a pas de préliminaires et pas de gants blancs: tu rentres et tu le fais. Nous n’étions pas habituées à être dirigées aussi crûment."

Pour les quatre interprètes (en plus de Haché et Ménard, il y a Geneviève Bolla et Émilie Gratton-Beaulieu), l’expérience a constitué un véritable rite de passage, même si St-Pierre assure qu’il y est allé en douceur. "Pour la plupart, c’était la première fois qu’elles se retrouvaient à poil sur scène dans des positions délicates, raconte-t-il. Sans trop pousser le trash, pour moi, soit on le fait à fond, soit on le fait pas pantoute. Et elles y sont allées. De mon côté, ça a été un peu confrontant de ne travailler qu’avec des femmes parce que je ne connais pas bien cette énergie-là. En fin de compte, des amis m’ont dit que, dans l’énergie et dans le propos, j’avais fait un show de gars."

Après les très provocatrices La Pornographie des âmes et Un peu de tendresse, bordel de merde, on ne s’attend certainement pas à ce que St-Pierre fasse dans la dentelle. Et si l’on se prépare à une vision extrême de certains aspects de la condition humaine, cette commande inopinée de la jeune compagnie le force à sortir de ses paramètres habituels de création, nous offrant l’occasion de découvrir une autre facette de sa créativité. Habitué à travailler avec une vingtaine de personnes, il a comblé le manque autour du quatuor en déversant sur scène pas moins de 12 000 balles de tennis.

"C’est loin d’être dérangeant, lance-t-il. Ça a ouvert beaucoup de possibilités et ça a facilité ma façon de structurer le spectacle." "Dave est vraiment un metteur en scène, commente Haché. Il ne travaille aucunement avec la gestuelle, il fonctionne par images. Inspiré par une vidéo, un livre, il demande à voir une image et quand il l’a, il trouve un lien avec quelque chose qu’on a fait. C’est très spécial parce que le travail par tableaux est très morcelé, on se demande où il veut nous amener, et au bout du compte, c’est tellement clair que c’en est incroyable."

Usant de la personnalité des interprètes comme d’une matière première, St-Pierre en exacerbe certains caractères pour présenter deux visions très tranchées de la condition féminine. Digne représentante d’une pin-up de Playboy, une "lapinette" incarne le masque officiel de la féminité tandis que trois "nymphes" débrident leurs instincts pour dévoiler des pans inavoués de leur féminité profonde. Pour adultes seulement.

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