Aszure Barton : Folle jeunesse
Scène

Aszure Barton : Folle jeunesse

Chorégraphe en résidence aux Ballets Jazz de Montréal, Aszure Barton s’offre une soirée complète dans la saison de Danse Danse avec deux pièces, Les Chambres des Jacques et Jack in a Box.

Après la Vancouvéroise Crystal Pite, c’est à l’Albertaine Aszure Barton que [bjm_danse], alias Les Ballets Jazz de Montréal, a offert une carte blanche. En 2007, elle a conçu Les Chambres des Jacques avant de poursuivre la collaboration avec les 13 magnifiques danseurs de la compagnie en créant Jack in a Box, présentée en première au Festival Canada Danse en 2008.

"La première pièce était vraiment basée sur l’individu et les personnalités des danseurs, explique la New-Yorkaise d’adoption depuis bientôt 10 ans. Je leur avais posé des questions et on avait élaboré un langage gestuel propre à chacun à partir de leurs idiosyncrasies et de leurs secrets. Pour la deuxième création, j’ai essayé l’approche opposée: je suis partie du groupe pour aller vers l’individu."

Les titres des deux oeuvres ont été trouvés avec le concours des danseurs. Jacques est un code de langage qui s’était établi entre les artistes pendant les répétitions pour désigner les interprètes. La pièce portant sur leur intimité, l’idée des chambres s’était imposée. Et puis, Jacques est naturellement devenu Jack. "Cette fois, on a beaucoup plus travaillé la forme du mouvement et son articulation dans le corps, poursuit Barton. On a conçu le groupe comme un choeur visuel et je l’ai vu comme une boîte." D’où Jack in a Box, qui se traduit aussi par "boîte à surprises" et qui révèle la force du groupe au-delà de sa dimension parfois sclérosante.

Dans Les Chambres des Jacques, la chorégraphe avait poussé le jeu théâtral des danseurs et elle avait audacieusement marié Gilles Vigneault à des musiques polonaise, classique et latino. L’atmosphère générale était à l’exubérance et à la sensualité. Beaucoup plus dansée, plus clairement influencée par le ballet mais tout aussi fougueuse, Jack in a Box est traversée par l’énergie de l’adolescence et la bande sonore procède encore à un inattendu mélange de chants grégoriens, de percussions et de Robert Charlebois. Dans les deux cas, Barton s’est appuyée sur l’aide précieuse d’un assistant: Ariel Freedman, puis Ian Robinson.

"Ce sont des gens incroyables qui m’ont littéralement sauvé la vie, s’exclame-t-elle en riant. Ils remplacent en alternance mes yeux et mon corps car je n’arrive pas à produire du mouvement et à avoir une perception claire de ce que je crée en même temps. Et puis comme on doit travailler très vite, ils ont aussi agi comme répétiteurs avec certains danseurs pendant que je créais avec d’autres."

GENERATION MONTANTE

Suivant les traces de ses deux soeurs aînées, Barton danse quasiment depuis qu’elle sait marcher. Et elle séduit déjà depuis quelques années par sa fraîcheur et son dynamisme. Âgée de 32 ans, elle a fondé sa compagnie, Aszure Barton & Artists, en 2002, elle a reçu des commandes d’une douzaine de compagnies de renom et, depuis 2005, elle a l’immense chance de pouvoir profiter des locaux du Baryshnikov Arts Center où elle est également chorégraphe en résidence.

Délaissant les recettes, elle crée en avançant à l’aveuglette, faisant confiance à son intuition et cherchant à se renouveler à chaque expérience. "Ce qui demeure constant, l’essence de mon travail, c’est d’essayer d’être honnête, de rendre l’esprit d’équipe aussi présent que possible dans le processus et sur scène, de trouver un équilibre entre la diversité des individus et le pouvoir du groupe, et d’avoir une bonne connexion avec la musique, pour laquelle j’ai le plus grand respect."

En misant sur Barton, le directeur artistique de [bjm_danse] depuis 10 ans, Louis Robitaille, confirme sa volonté de rafraîchir l’image et le style de la compagnie. "Aszure a une voix unique, un langage nouveau et une approche très actuelle qui colle à notre philosophie", déclare-t-il depuis l’Allemagne où la compagnie fait escale dans sa tournée de quelque 70 dates.

Consultez la page de Danse Danse au www.voir.ca/dansedanse