Dana Gingras : Heureuse collision
Avec Smash Up, Dana Gingras nous entraîne dans une nouvelle dimension en provoquant la collision de la danse, de l’animation et du son. Une création psychédélique.
Cofondatrice avec Noam Gagnon de la compagnie vancouvéroise The Holy Body Tatoo, la chorégraphe Dana Gingras a créé une structure parallèle pour explorer librement le rapport de la danse à l’animation programmée par ordinateur. Elle l’a baptisée Animals of Distinction, du nom d’une marque de jouets pour enfants qu’elle a gardée en mémoire. Il faut dire qu’un esprit ludique préside à cette recherche qui vise à humaniser la technologie avec une danse très physique, très incarnée et bien enracinée.
"J’ai déjà utilisé le film comme élément multimédia dans la chorégraphie, mais ce que j’aime avec l’animation, c’est la possibilité de travailler de manière plus automatique, commente-t-elle. Le film donne une idée précise tandis que l’animation reste plus ouverte en offrant toutes sortes de lectures possibles. En tant que danseuse, l’animation me projette dans un nouvel espace où je suis en relation avec des choses ni concrètes ni narratives avec lesquelles je peux jouer. C’est un grand plaisir!"
En solo ou en duo avec Sarah Doucet, Susan Elliott, Shay Kubler ou Sonja Perreten, Gingras présente Smash Up, un collage de six courtes pièces concoctées avec la complicité des artistes James Paterson et Amit Pitaru, créateurs d’animations informatiques. OEuvres abstraites sans lien particulier entre elles, elles présentent un mélange d’images figuratives et de formes psychédéliques, explorant la relation au temps et à l’espace en partant de propositions initiales différentes: tantôt danses et animations ont été conçues en réponse l’une à l’autre, tantôt elles se sont déployées simultanément dans une collaboration si étroite que les rôles s’inversaient.
"James et Amit m’épatent et me fascinent, avoue la chorégraphe. Ils sont très novateurs et leur façon d’approcher la chorégraphie est très sensible. Ils ne veulent pas travailler sur la technologie, mais sur la rencontre avec la danse pour créer un produit autre, résultat de la collision de nos deux disciplines." En travaillant l’élasticité de la tension entre danse et animation, ils créent un espace où la danse est une extension de l’image et vice-versa. Travaillée par Roger Tellier-Craig, la bande sonore mixe également les univers en manipulant des morceaux de musique pop au point de les rendre méconnaissables la plupart du temps.
OEuvrant beaucoup au sol où la grande majorité des animations sont projetées, Gingras a choisi ses danseurs en fonction de la couleur particulière qu’elle souhaitait donner à chacune des pièces. "Les interprètes ont une position très centrale dans la création, car ils ont chacun des forces différentes et ils sont de grandes sources d’inspiration pour moi, affirme-t-elle. Je développe avec eux une sensibilité et une empathie pour répondre à leur rythme, énergie et qualité de présence." Et tous ont en commun le goût du dépassement de leurs limites physiques.
Pour parfaire le tableau, le concepteur visuel Jonathan Inksetter a configuré l’espace de l’installation et il a veillé à ce que le flot et la direction des projections soient les plus lisibles pour le public, placé de manière à surplomber l’espace scénique. Quant à Marc Tétrault, il a conçu l’anneau lumineux de cette drôle de planète.