Josée Bilodeau et David Boutin : Faire des histoires
Scène

Josée Bilodeau et David Boutin : Faire des histoires

L’édition 2008 des Contes urbains s’annonce aussi foisonnante que d’habitude. On parle des joies de l’oralité urbaine avec Josée Bilodeau et David Boutin, un duo auteure-acteur qui se lance pour la première fois dans l’aventure.

Elle est journaliste, critique de théâtre et romancière. Il est acteur et sévit sur les planches comme au cinéma. Avant l’entrevue, ils ne se connaissent que très peu, et écouteront les propos de l’autre avec beaucoup d’intérêt. C’est un peu beaucoup ça, les Contes urbains: le plaisir d’une rencontre autour de la parole d’un auteur et, très souvent, l’amorce d’un dialogue rare entre écrivains et acteurs. C’est du moins ce qu’a toujours souhaité Yvan Bienvenue, qui a inventé le concept avec ses collègues du Théâtre Urbi et Orbi il y a maintenant 17 ans.

"Dès le départ, je voulais David Boutin comme acteur, explique Josée Bilodeau, car il a une grande intelligence du texte." Aussitôt dit, aussitôt fait, Boutin a pris connaissance du texte illico. Le coeur tordu d’la fille au coin de la rue, c’est l’histoire d’un gars qui est témoin de violence conjugale dans la rue, et qui voudrait intervenir sans trop savoir comment. Boutin a accepté tout de suite, y voyant un beau défi. "Les contes urbains, comme c’est vraiment une affaire de récit et de langue, un truc d’auteur en premier lieu, je trouvais ça assez différent de ce que je fais d’habitude. Le texte de Josée a une rythmique qui me plaît et elle écrit par images; une très belle poésie du quotidien."

À propos de cette langue, Bilodeau dit qu’elle a voulu en quelque sorte rendre hommage à Yvan Bienvenue. "Je ne travaille pas du tout l’oralité d’habitude, alors pour moi, c’est très nouveau. Yvan ne reconnaîtrait sûrement rien de lui dans ce que j’ai écrit, mais j’ai travaillé une forme d’oralité québécoise que je voulais très poétique, comme il sait si bien le faire."

Conte ou pas, elle a quand même créé un personnage dense, avec sa solitude urbaine et son humanité profonde. "Il est un peu sauvage, raconte Boutin, mais il lui reste une sorte d’émerveillement devant ce qu’il voit dans la rue, et il est profondément sensible à la scène de violence à laquelle il assiste." Bref, il y a de quoi travailler, et l’acteur est vivement stimulé, d’autant plus que les Contes urbains le placent dans une situation de grande autonomie: très peu de temps de répétition avec le metteur en scène Harry Standjofski, pour conserver un rapport direct à l’écriture.

Le reste de la soirée s’annonce tout aussi prometteur. On aura droit à une histoire de retour du refoulé en plein magasinage (un conte de Standjofski et Danette Mackay interprété par Linda Roy), au récit de Noël d’un travailleur et sa "job" de merde (Standjofski et Didier Lucien) et à l’aventure abracadabrante d’un artiste de rue imaginé par Greg MacArthur et joué par Emmanuel Schwartz. Marie-Ève Perron viendra raconter l’histoire d’un réveillon d’enfer, Sébastien René dira les mots d’André Ducharme, et Joël Marin portera la parole singulière d’Yvan Bienvenue, dans une histoire où il est justement question d’autres histoires.