La Fausse Malade : Docteur Folamour
Scène

La Fausse Malade : Docteur Folamour

Avec La Fausse Malade, Frédéric Bélanger explore les liens entre Molière et la commedia dell’arte dans un esprit carnavalesque, sans toutefois porter un regard vraiment nouveau sur l’oeuvre.

Soulignons d’abord l’important travail de traduction et d’adaptation auquel s’est livré Frédéric Bélanger. Le jeune metteur en scène, membre fondateur du Théâtre Advienne que pourra, a resserré l’action de cette comédie pour en faire une pièce très rythmée. La maladie feinte de Rosaura (Jennie-Anne Walker, très juste) et son amour interdit pour l’honnête médecin Onesti (Mani Soleymanlou) sont racontés d’un seul souffle.

Mais le meilleur coup de son adaptation, c’est d’y avoir ajouté des travestissements moliéresques: deux des médecins-charlatans qui prétendent guérir Rosaura sont de faux médecins interprétés par sa servante Colombine (Fanny Rainville) et son amie Béatrice (Maude Campeau). La ruse densifie les enjeux et les rapports entre les personnages, en plus d’ajouter au comique de la situation et de s’imbriquer parfaitement dans la mise en scène d’inspiration commedia dell’arte. Pour écrire la pièce, Goldoni s’est inspiré de L’Amour médecin de Molière. Bélanger accentue cette filiation avec grande pertinence.

Cela dit, le metteur en scène a aussi choisi de souligner l’actualité de la pièce en y insérant, par exemple, des références à la bactérie C. difficile ou à un miraculeux médicament made in China. Ces passages, très drôles, demeurent toutefois anecdotiques et ne témoignent pas d’une réelle réflexion sur le sujet ni d’une vision très personnelle de l’oeuvre. On perd aussi, hélas, l’aspect énigmatique de la maladie de Rosaura, ici vraiment en pleine forme et à peine malade d’amour.

Bélanger s’est plutôt attardé aux mécanismes comiques de la pièce et à son côté forain. Il y excelle particulièrement. Rythmée et précise, la mise en scène ne nous laisse aucun répit. Si Claude Tremblay fait un Pantalone presque grotesque, et parfois tellement excessif qu’il en est irritant, les plus jeunes personnages sont joués dans un registre plus classique, avec justesse et constance.

Sous les traits d’Agapito l’apothicaire, François Simon T. Poirier brûle les planches. Son pseudo-accent chinois, son sens du rythme et son jeu physique se complètent magistralement: une composition calculée qui séduit d’emblée et contribue à en faire un personnage central du récit. Le décor de Julie Measroch, éminemment pharmaceutique, va d’ailleurs dans le même sens. En somme, le public adolescent de la Salle Fred-Barry y trouvera son compte.