Le père Noël est une ordure : Malin plaisir
Scène

Le père Noël est une ordure : Malin plaisir

Le père Noël est une ordure entame sa quatrième saison au Petit Champlain, avec de nouveaux visages, un texte toujours aussi truculent et un jeu à l’avenant. Fun noir.

La veille de Noël, dans les bureaux de Détresse-Amitié, Pierre (Emmanuel Bédard) et Thérèse (Marie-Hélène Lalande), deux bénévoles plutôt coincés, tiennent le fort. De prime abord, la soirée s’annonce mortellement calme, les désespérés manquant à l’appel. Mais ce n’est que le prélude à une tempête d’autant plus dévastatrice, alors qu’ils se mettent bientôt à débouler dans les locaux de l’organisme: d’abord M. Preskovitch (Jack Robitaille), un immigré qui cherche de la compagnie, puis Katia (Réjean Vallée), un travesti anéanti par une peine d’amour, Josette (Sophie Martin), une zozote enceinte jusqu’aux oreilles, et Félix (Nicolas Létourneau), sa belle ordure de petit ami tout de rouge vêtu.

Après un échange de cadeaux uniques – heureusement! -, une dégustation de chocolats qui tourne au running gag et une prise d’otages hommage à Delivrance, notamment, ce qui avait commencé sous le signe du sarcasme, à travers des dialogues au sens de la répartie acéré et un humour de situation plus loufoque, voire caricatural, culmine en comédie noire bien trash. Ici, nul n’est épargné, qu’on se moque du ridicule des bienfaiteurs ou des pauvres hères auxquels ils sont censés venir en aide. Surtout, c’est l’apitoiement des uns et les bonnes intentions sélectives des autres qui sont mis au pilori. En ressort un enfer pavé de surprises corrosives à souhait.

Le temps ayant fait son oeuvre, les comparaisons avec la première version de cette pièce s’avèrent difficiles. N’empêche, l’objectif étant la rigolade, on peut déclarer mission accomplie. Il faut dire que le texte de Josiane Balasko et compagnie multiplie les blagues affûtées, tandis que les comédiens disposent de toute la latitude nécessaire pour les mettre en valeur, au gré de mimiques, de tableaux allant du légèrement amusant à l’agréablement subversif. Emmanuel Bédard, en particulier, apparaît au sommet de sa forme dans un rôle qu’il a pu peaufiner au fil des ans. Avec Marie-Hélène Lalande, il impose le ton et participe aux moments les plus savoureux, leurs personnages se révélant d’autant plus drôles qu’ils se présentent comme supposément normaux.

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