Yonkers : Bonbons sans sucre
Dans Yonkers, la sympathique comédienne Rollande Lambert incarne un personnage à des lieues de sa véritable nature.
Karine Gélinas
Photo : Éric Gélinas
Avec Yonkers, sa deuxième production de la saison, le Théâtre des Gens de la place fait un voyage dans le temps. Il se retrouve en 1942, dans la banlieue de Yonkers, au nord de New York. Là, une grand-mère froide et autoritaire, propriétaire d’une confiserie, accueille Jay (Guillaume Cholette-Janson) et Arty (Brian Thibodeau), ses deux petits-fils qui viennent de perdre leur mère et dont le père (Luc Martel) doit s’absenter quelques mois pour chercher du travail dans le Sud. Pour ces deux adolescents, ce séjour devient le point de départ d’une nouvelle vie familiale des plus particulières. Ils font la connaissance de leurs tantes Gert (Émilie Jacob) et Bella (Marie-Andrée Leduc), femme de 36 ans légèrement attardée, et de leur oncle Louie (David Gélinas), un gangster sans envergure.
C’est la souriante Rollande Lambert, connue pour son implication auprès des Comédiens de l’Anse, qui personnifie l’austère mamie. "Je ne ressemble pas beaucoup à ce genre de personnage-là, et c’est ça qui est intéressant, confie la comédienne. Je vais donc creuser des facettes de moi que j’exploite moins souvent. On a tous un côté pas fin, parfois impatient. Je trouve tout le temps qu’à travers ces personnages-là – j’ai déjà eu un autre personnage très difficile à jouer dans Le Malentendu de Camus; je faisais Martha, une femme froide qui était prête à tout, même à tuer, pour arriver à ses fins -, ça nous montre la tolérance. Il faut comprendre notre personnage, il faut l’aimer malgré tout. Et il n’y a pas de personnage qui n’a pas de motivation derrière ses actions. C’est sûr qu’eux, ils prennent une voie qui n’est pas recommandable. La grand-mère que j’interprète, aussi froide, aussi difficile soit-elle, a une raison d’être comme ça. Dans le fond, ce qu’elle a toujours voulu, c’est que ses enfants soient autonomes et qu’ils soient capables de vivre sans se laisser atteindre par les difficultés. Il y a une phrase qu’elle dit: "On ne survit pas dans ce monde si on n’est pas fait en acier." Et elle, elle les forge en acier…"
Cette ligne de conduite donne lieu à des moments empreints de dureté. Ainsi, selon elle, quelle est la beauté de ce texte de Neil Simon mis en scène par Martin Francoeur (assisté de Marie-Hélène Rheault)? "Ce sont des gens pour qui la famille demeure importante malgré les distances qu’ils ont", estime Rollande Lambert en parlant des protagonistes de Yonkers.
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