Chris Lashua : Fais comme l'oiseau
Scène

Chris Lashua : Fais comme l’oiseau

Avec Birdhouse Factory, Chris Lashua et le Cirque Mechanics offrent une plongée dans l’univers loufoque d’une usine en folie.

Comme tous les créateurs de cirque contemporain, l’États-Unien Chris Lashua a cherché une signature qui distingue le Cirque Mechanics des grands noms à l’affiche aujourd’hui. Artiste spécialisé dans le travail avec les roues de toutes sortes, il en est venu à concevoir des machines mises en mouvement par des acrobates. D’où le nom de la compagnie qu’il dirige avec la chorégraphe et acrobate Aloysia Gavre. Dans Birdhouse Factory, des monocyclistes font ainsi tourner une plateforme sur laquelle s’activent des contorsionnistes, un acrobate propulse une trapéziste dans les airs grâce à un système d’engrenage, tandis qu’un mur trampoline permet à d’autres de jouer avec la loi de la gravité. Le spectacle étant centré sur l’interaction entre les artistes et divers dispositifs mécaniques, l’idée de raconter une histoire en situant l’action dans une usine s’est imposée naturellement.

"On voulait d’abord montrer que la vie d’usine était très difficile et on a choisi les années 30 parce que les peintures murales de Diego Rivera, qui montrent des scènes de la vie ouvrière de cette période de la révolution industrielle, ont inspiré la scénographie, les costumes et les éclairages du spectacle, commente Lashua. La référence reste pertinente parce que malheureusement, on voit encore beaucoup de gens courir pour le travail et faire un boulot qui ne leur plaît pas. Mais là, un oiseau va amener les travailleurs à reconsidérer leurs façons de faire et tout va changer."

Le début du spectacle est caractérisé par une ambiance lourde et une forte tendance à la morosité, mais l’intrusion de l’oiseau fait souffler un vent de folie dans l’usine et les personnages changent d’attitude face à leur travail et à leurs collègues. Dès lors, le spectacle s’inspire de deux autres figures marquantes des années 30: le dessinateur caricaturiste Rube Goldberg, qui concevait des dispositifs aussi comiques que complexes pour réaliser des actions très simples, et le célèbre Charlie Chaplin.

"On a voulu reproduire l’usine du film Les temps modernes qui nous faisait penser à Big Brother, poursuit Lashua. Et puis Charlot, qui est une espèce de fou, refuse le système et sème la zizanie en jouant avec la chaîne de montage. D’une certaine façon, on a voulu lui rendre hommage en choisissant d’autres images." De l’associé gaffeur et fainéant au stéréotype du patron en passant par le macho, le romantique ou la fille timide, les 11 personnages de l’histoire vivent une transformation au fil du spectacle. Quant aux clowneries, aux numéros de cordes aériennes, de contorsion, de rola-rola, de roue allemande, de jonglerie ou de trampoline, ils sont tous soigneusement intégrés à l’histoire et à la chorégraphie de ce conte sans paroles.

"Aujourd’hui, les gens ont tous vu des doubles saltos arrière et ils veulent être surpris quand on leur en montre, lance Lashua. On doit donc proposer une raison d’en faire et un environnement qui peuvent être surprenants. Dans notre cas, les appareillages sur scène deviennent des partenaires pour l’acrobatie." Un spectacle de 110 minutes apte à séduire toutes sortes de publics, de 4 à 90 ans.