Cirque Éloize : Flou artistique
Scène

Cirque Éloize : Flou artistique

Jeannot Painchaud, directeur de création, nous parle de Nebbia, le plus récent spectacle du Cirque Éloize, coproduit par le Teatro Sunil. Après la pluie, le brouillard.

Fruit d’une collaboration amorcée il y a sept ans avec l’auteur et metteur en scène suisse Daniele Finzi Pasca, Nebbia, qui signifie "brouillard" en italien, vient clore la Trilogie du ciel du Cirque Éloize. "Nomade était très festif, Rain un peu plus nostalgique, et Nebbia va encore plus loin dans la tendresse, dans le côté touchant, observe Jeannot Painchaud. Ça ne raconte pas une histoire linéaire, mais il y a davantage de texte. On fait des rencontres, on plonge dans nos souvenirs, on a peur, on est content… Daniele nous parle de ce village où, quand le brouillard tombait, on entendait la mer, pourtant située à 300 kilomètres, et quand le brouillard se levait, il y avait des poissons sur la place. C’est très poétique. On se perd et on se trouve, au gré d’images qui nous amènent dans une autre époque, une certaine émotion." Sur le plan visuel, les éclairages, surtout, se démarquent. "Ils sont vraiment magnifiques, note-t-il. L’utilisation de différentes matières pour rendre la lumière plus diffuse, comme si elle traversait le brouillard, crée quelque chose de très fort."

On aura compris que leur démarche se distingue de celle du cirque traditionnel. "Au départ, il a fallu jouer sur scène parce qu’acheter un chapiteau aurait été trop cher, raconte le cofondateur de la compagnie. Nous sommes donc allés vers des gens du milieu de la danse et du théâtre. Finalement, ce qui était une nécessité il y a 15 ans est devenu une spécialisation. Notre particularité réside dans des artistes multidisciplinaires et des spectacles très théâtraux. Plutôt que de miser sur des roulements de tambour pour souligner une acrobatie, on va chercher à montrer l’artiste dans sa vulnérabilité parce que ça devient beaucoup plus beau et émouvant." Cette fois, 11 interprètes performent dans des disciplines comme le main à main, le trapèze ou le trampoline, en plus de chanter, de jouer de la musique et d’acter. "Il y a beaucoup de moments absurdes ou d’autodérision, ajoute-t-il. On rit énormément, on se sent fortement ému et on est impressionné par des acrobaties incroyables."