Carole Nadeau : Miroir aux alouettes
Scène

Carole Nadeau : Miroir aux alouettes

Carole Nadeau, directrice artistique du Pont Bridge, renoue ces jours-ci avec Provincetown Playhouse, juillet 1919, j’avais 19 ans, une pièce de Normand Chaurette qu’elle avait, en 2003, transformée en un étonnant thriller de série B.

Avec Provincetown Playhouse, juillet 1919, j’avais 19 ans, Normand Chaurette nous transporte dans un asile de Chicago en 1938, où l’auteur Charles Charles 38 revit le soir de ses 19 ans – le 19 juillet 1919 -, alors qu’était créée son unique pièce Le Théâtre de l’immolation de la beauté, durant laquelle ses amis Winslow et Alvan ont tué de 19 coups de couteau un enfant dissimulé dans un sac. Savaient-ils que ce sac contenait un bambin? Ce fascinant chassé-croisé en 19 tableaux entre le réel et l’imaginaire, la manipulation et la démence, a inspiré à Carole Nadeau un thriller kitsch assaisonné d’une bonne dose d’humour.

C’est la première fois que la conceptrice du solo MeMyLee Miller monte un texte dramatique complet. Après avoir écrit ses premiers spectacles, elle a développé une méthode de création qui s’apparente au collage. "Le principe scénographique est toujours l’élément déclencheur, explique-t-elle en tournant les yeux vers les grands miroirs suspendus sur la scène. Après, j’accumule des cartables d’images et d’extraits de textes, que j’assemble ensuite d’une écriture-osmose, qui donne l’impression qu’ils proviennent de la même main."

Sauf que cette fois, la concordance entre son univers et les "jeux de miroirs insolubles" de Chaurette était trop belle. Ainsi, afin d’insister sur le suspense, la créatrice s’est permis d’ajouter un personnage, en quelque sorte un hommage à David Lynch. "J’ai voulu mettre une petite touche de Twin Peaks dans le spectacle, avec énormément d’humour. La part de mal des deux Charles Charles sera donc incarnée par un nouveau personnage, que nous avons surnommé Bob. Sa présence permet de multiplier encore les jeux de réalité et de fiction."

L’asile sera peuplé des comédiens Martin Bélanger, Christian Brisson-Dargis, Benoît Drouin-Germain, Éric Forget et Xavier Malo. "Nous avons pris le parti de la folie et du suspense, répète à plusieurs reprises la metteure en scène. Les spectateurs seront plongés dans la tête d’un fou, où tout peut se mélanger. Il n’y a pas de logique, c’est davantage une construction de l’inconscient, un peu comme un rêve. C’est un show léger, qu’il ne faut surtout pas chercher à comprendre."