Une maison face au nord : Mignault sans filet
Afin de fêter ses 30 ans d’existence, le Théâtre La Rubrique s’offre tout un cadeau avec Une maison face au nord.
Le comédien Guy Mignault roule sa bosse depuis de nombreuses années en portant plusieurs chapeaux, dont ceux de metteur en scène et directeur artistique du Théâtre français de Toronto. Interrogé à propos de sa venue dans la région, Mignault nous fait part de ses expériences antérieures dans notre coin de pays: "En 1992, j’étais venu pour un festival de théâtre à Alma. J’étais venu un peu avant ça avec Broue. Il y avait Marcel Leboeuf, Patrice L’Écuyer et moi qui jouions Broue. En fait, c’est parce que la troupe originale n’arrivait pas à donner toutes les représentations que les gens voulaient, et pendant quelques années, on a fait 250 représentations. C’était toute une expérience. Les trois gars de Broue avaient fait notre mise en scène en compagnie de l’épouse de Michel Côté, Véronique Leflaguais."
L’oeuvre de Jean-Rock Gaudreault aura nécessité la collaboration de trois compagnies de théâtre différentes afin d’être présentée. Mignault nous explique la genèse de cette folle entreprise: "Ce qui est extraordinaire, c’est que c’est souvent ça qui arrive dans les coproductions, ce sont des coups de coeur artistiques. Il y a un festival qui se déroule tous les deux ans à Ottawa, pendant lequel il y a des lectures notamment. Esther Beauchemin, qui est la directrice artistique du Théâtre de la Vieille 17, m’a téléphoné pour me demander si je voulais lire le personnage d’Henri dans Une maison face au nord. Lorsque j’ai fait la lecture, il y avait parmi l’assistance Benoît Lagrandeur du Théâtre La Rubrique ainsi que Jean-Guy Côté du Théâtre du Tandem de Rouyn-Noranda. Alors d’une discussion à l’autre, on s’est retrouvés à se lancer avec trois compagnies!"
En lisant le synopsis d’Une maison face au nord, on peut facilement y voir un soupçon de tragédie. Le comédien ne nie pas cette couleur, mais nous démontre que cela n’empêchera pas le public de rigoler: "Dans toute bonne tragédie, il y a de la comédie. Par exemple, les endroits où on est le plus enclins à partir à rire, très souvent, c’est dans les églises ou les salons funéraires. On est nerveux, il y a une tension et il y a un peu de ça dans cette pièce. Quand il y a des situations cocasses, il y a des rencontres qui se font entre certains personnages et peut-être pas au bon moment, donc le tout déclenche des rires et des réactions amusantes."
Littéralement tombé amoureux du personnage qu’il campera dans cette production, Mignault nous explique son coup de foudre: "Henri a tout un passé et une espèce d’émotion renfrognée, comme beaucoup d’hommes de cet âge-là parce qu’on s’est fait dire de ne pas pleurer ou qu’on est faits forts. Comme il lui arrive un événement qui lui fait l’effet d’une claque sur la gueule, les choses doivent sortir et il faut qu’il parle. Il rencontre un bonhomme qui n’est surtout pas le bonhomme qu’il voudrait rencontrer, et le cours des choses fera qu’ils devront se parler un peu. Il rencontre aussi un immigrant qui n’est pas nécessairement l’employé qu’il aurait voulu avoir, mais il va finir par l’embaucher. Je pense que ça amène un côté tellement humain et touchant."
Enfin, on est en droit de croire qu’interpréter un personnage comme Henri ne doit pas être du gâteau. Heureusement, Guy Mignault s’en console sans problème: "C’est pas facile, mais en même temps, la pièce est tellement bien écrite et les autres acteurs sont tous très bons, donc c’est totalement agréable. En plus, de retrouver Louisette Dussault, avec qui j’avais déjà joué quelques fois, et qu’on ait à jouer des époux, c’est un plaisir pas possible! Moi, j’aime bien cette femme et elle ne semble pas m’haïr non plus!"
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Rire et réfléchir