Suites cruelles : Le bien et le mal
Scène

Suites cruelles : Le bien et le mal

Après l’immense succès de ses créations pour jeune public, Hélène Blackburn revient avec Suites cruelles, une pièce qui mêle la douleur au plaisir.

Quand elle a fondé la compagnie Cas public, en 1989, Hélène Blackburn a opté pour une structure où la création ne serait pas l’apanage d’une chorégraphe omnipotente. "Il s’agit d’un processus très éclaté auquel tout le monde participe, confie-t-elle. Ça va jusqu’à l’équipe administrative qui assiste à certains tests et donne son avis, ou à des danseurs qui viennent passer quelques jours avec nous et laissent leur trace. Il y a un perpétuel va-et-vient et tout le monde crée."

C’est donc au fil de discussions avec ses neuf danseurs et autres salariés que s’est dégagé le thème de la nouvelle oeuvre grand public: Suites cruelles, le diable est dans les détails. Les artistes y déclinent l’idée du lien indéfectible entre plaisir et déplaisir. "On a commencé par observer qu’on vivait une période où une certaine forme de cruauté est valorisée par rapport à la bonté, raconte la chorégraphe. Puis, la conversation a dévié sur le fait que dans notre société, on ne veut plus souffrir, on veut une espèce de confort permanent. On s’est dit que c’était une utopie et que si la douleur disparaissait, il n’y aurait peut-être plus de plaisir non plus. Parce que le plaisir véritable, ça se gagne. La création et la danse sont faites de ça."

"On a fait traduire en langage signé tous les mots reliés à la mort et au sexe, explique-t-elle. C’est très amusant d’ailleurs parce que c’est vraiment très explicite, mais ça n’a pas l’importance que ça avait dans Barbe Bleue ou dans Journal intime." On retrouvera cependant plusieurs éléments apparus dans les oeuvres pour jeune public, qui ont été une occasion pour la chorégraphe de se ressourcer en se libérant des carcans. Ainsi, elle poursuit le travail des pointes amorcé dans l’oeuvre précédente et elle raffine l’utilisation de la vidéo en direct pour offrir des points de vue originaux sur les danseurs et les deux pianistes sur scène. Enfin, elle choisit de garder l’humour qui a fleuri dans les années passées. De fait, rien n’oblige à être grave quand on crée pour les grands.