Antigone : Éloge de la résistance
Scène

Antigone : Éloge de la résistance

Avec Antigone, le metteur en scène Patrick Lacombe et le Théâtre des Gens de la place s’attaquent à la tragédie grecque.

"Antigone! Notre pauvre père est mort dans la boue après s’être crevé les yeux pour expier ses crimes; notre mère, qui était sa mère, s’est pendue; nos frères se sont entr’égorgés. Imagine, nous deux, toutes seules, la fin sinistre qui nous attend si nous bravons nos maîtres…"

Ainsi s’adresse Ismène (Marie-Claude Brasseur) à sa soeur dans les premiers moments d’Antigone, une tragédie de Sophocle dont Jean Cocteau a proposé une relecture épurée en 1922. La pièce montée par le Théâtre des Gens de la place s’inspire surtout de la version de Cocteau, mais inclut aussi certains éléments de l’oeuvre originale. "J’ai rapatrié une partie des choeurs de Sophocle, que j’ai intégrés au texte de Cocteau", explique le metteur en scène Patrick Lacombe. "Je pense que ça le bonifie, parce que là on va chercher la poésie de Sophocle, tandis que Cocteau en avait fait quelque chose de très concret."

Comme chez les Grecs de l’Antiquité, une tragédie n’arrive jamais seule, les filles d’OEdipe se retrouvent dans leur propre drame lorsque leur oncle Créon (Camil Bergeron), roi de Thèbes, interdit qu’on honore la dépouille d’un de leurs défunts frères, coupable à ses yeux. Antigone (Nathalie Martin) refusera de se plier à cette ordonnance et devra subir le courroux de Créon…

"Pour moi, confie Lacombe, la question ne touche pas tant le plan familial que celui de l’individu contre la cité. Est-ce que la liberté, c’est de faire ce qu’on veut ou de faire ce qu’on doit faire? C’est un questionnement qui est très contemporain. Antigone, c’est la représentation de plein de jeunes d’aujourd’hui qui cherchent leur place et qui remettent en question l’autorité."

Bien que notre sympathie aille inévitablement vers Antigone, cette héroïne fière et intègre qui se dresse contre l’arrogance et l’intransigeance de Créon, Lacombe a tout de même voulu préserver l’humanité de ce dernier. "Je ne voulais pas mettre un Créon monstrueux en haut d’un trône qui déclame. L’objectif, pour moi, c’était de voir un homme qui ne comprend pas la personne qu’est Antigone, et l’inverse est vrai également. Ils défendent chacun un point de vue."

Avec un choeur de 11 femmes sur scène, la projection d’images dessinées par Charles Provencher et un rythme soutenu (80 minutes sans entracte), Antigone promet d’être une pièce des plus dynamiques… Qui, selon Lacombe, pourrait n’être que la première d’un cycle de tragédies grecques revisitées par le TGP.

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