Ginette Laurin : Péter les plombs
Ginette Laurin recrée La Chambre blanche, une oeuvre marquante de 1992 qui parle de la folie dans ce qu’elle a de lourd et de libérateur. Un des événements les plus attendus de la saison.
O Vertigo. Ginette Laurin a baptisé ainsi sa compagnie en 1984 pour souligner son attrait pour le vide et le vertige. "La Chambre blanche est une pièce marquante pour moi parce que c’est là que j’ai trouvé ma gestuelle et que j’ai réussi à définir le mieux ma signature, confie la chorégraphe. Les événements de Polytechnique avaient influencé le processus créatif: je voulais explorer ce que c’était que de péter les plombs. La perte de contrôle et la recherche de l’équilibre s’expriment à la fois de façon symbolique et dans la gestuelle."
Après des débuts consacrés aux prouesses physiques et aux grandes envolées, Laurin confinait ses danseurs dans un espace restreint. La thématique de l’enfermement qui avait surgi l’avait amenée à développer un langage plus intime et une théâtralité chargée d’émotions fortes. Résultat: dans un décor aux allures d’hôpital psychiatrique, de couvent ou de pénitencier, neuf individus combattent l’isolement. "La trame narrative est dure et elle touche aujourd’hui autant qu’en 1992, affirme la chorégraphe qui a déjà présenté l’oeuvre en Europe. Le thème est lourd, mais il y a beaucoup de légèreté, comme si le fait de s’abandonner au déséquilibre était bienfaiteur."
Des interprètes juchés sur pointes ou sur les plinthes du décor, toujours à deux doigts de la chute; une tension nerveuse et musculaire qui se libère en gestes brusques et désordonnés; un délire mental qui s’épanche en inextinguible diarrhée verbale… La cacophonie intérieure des personnages emplit l’espace, amplifiée par une trame musicale totalement nouvelle. Seuls la scénographie, les costumes et trois séquences chorégraphiques sont d’origine. Tout le reste est une recréation.
"Nous avons recréé des personnages, et la gestuelle a évolué, explique Laurin. Nous avons ajusté la création en restant fidèles aux intentions, au propos et à la signature chorégraphique de l’époque." On imagine que l’exercice s’est avéré plus particulièrement intéressant pour les danseurs Chi Long et Robert Meilleur, qui venaient d’intégrer O Vertigo au moment de cette création. Et s’il souligne bien le 25e anniversaire de la compagnie, il est surtout le résultat d’une commande pour un film que Ginette Laurin présentera au FIFA l’an prochain.
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