Anne-Marie Olivier et Hélène Florent : Le confessionnal
On discute avec l’auteure Anne-Marie Olivier et la comédienne Hélène Florent à propos du Psychomaton, la deuxième création du Groupe Ad Hoc, une compagnie de Québec en visite ces jours-ci à Montréal.
"Après Gros et Détail, les filles du Groupe Ad Hoc m’ont demandé d’écrire une pièce, se souvient Anne-Marie Olivier. Je les ai rencontrées deux fois pour savoir ce qui les intéressait et on s’est rendu compte qu’on voulait faire quelque chose de contemporain, autrement dit parler de notre monde. Mais c’était assez chaotique, il y avait vraiment de tout."
C’est ainsi que l’auteure a eu l’idée du Psychomaton, une machine qui lui servirait de "prétexte pour entrer dans la vie intérieure des gens" et aborder toutes sortes de thèmes. Sans compter que cette manière de confessionnal, privilégiant le monologue, faciliterait son passage du conte au théâtre. Créé en 2007, puis repris en 2008 au Théâtre Périscope, le spectacle mis en scène par Véronika Makdissi-Warren a beaucoup évolué. Il y a désormais davantage d’allers-retours entre ce qui se passe dans le psychomaton et la vie de ses inventeurs, dont la relation s’est étoffée.
Parmi les sujets abordés, l’auteure relève notamment "la vacuité spirituelle de notre époque". "C’est-à-dire que tu vas demander à quelqu’un s’il est athée et il va te dire "oui", mais finalement, il croit un peu en Jésus, un peu en Bouddha… Il y a certaines valeurs universelles, pacifiques, auxquelles les gens adhèrent, mais quand tu regardes leurs comportements – et je m’inclus là-dedans -, ils n’ont vraiment pas rapport avec ces valeurs. Depuis la mort de la religion au Québec – bon, elle n’est pas morte, mais elle n’est pas forte -, quelles sont nos valeurs, nos fondements? C’est un peu mou, un peu vaseux… C’est la danse des poulets pas de tête!"
"C’est une pièce éclatée, résume Olivier, comme une courtepointe." Une courtepointe dans laquelle la comédienne Hélène Florent décèle néanmoins un fil conducteur: "l’impossibilité de communiquer". Ce qui n’est pas sans lien avec l’objectif premier de l’auteure: instaurer un dialogue avec le spectateur. "J’espère de tout mon coeur que ça parle au monde." Dans son désir d’écrire une pièce qui soulève des questions, parce qu’elle s’en pose beaucoup, Anne-Marie Olivier s’en remet à Josée, le personnage incarnée par Hélène Florent. "Elle travaille dans une station-service et elle veut changer le monde, explique l’auteure, mais elle ne sait pas trop comment s’y prendre. Elle cherche un sens à ce qu’elle voit, elle sent la souffrance des gens et, du haut de son secondaire cinq, avec son ami Polo, elle va créer une machine pour les écouter."
Selon Hélène Florent, l’écriture d’Anne-Marie Olivier est dotée d’un charme particulier. "Ce sont les personnages d’Anne-Marie qu’on aime, lance-t-elle. C’est-à-dire l’univers dans lequel elle nous plonge, celui de ces gens tout simples, qui resteraient dans l’ombre et qui n’ont pas une vie flamboyante, mais qui ont une histoire à raconter. Elle a une façon d’utiliser les mots très personnelle et poétique. Ce qui est beau de son travail, c’est qu’elle écrit des choses drôles, mais qui, par le détour, nous rentrent dedans parce qu’elles sont empreintes d’une grande vérité et de sensibilité." Aussi avec Paul-Patrick Charbonneau, Érika Gagnon, Éric Leblanc et Édith Paquet.