Le Sourire de la morte / Le Théâtre du Double Signe : La forêt des secrets
Scène

Le Sourire de la morte / Le Théâtre du Double Signe : La forêt des secrets

Sous des allures austères, Le Sourire de la morte se révèle une pièce émouvante sur la fragilité de l’enfance et sur un amour idyllique entre deux êtres meurtris.

Le Théâtre du Double Signe n’a jamais eu peur d’affronter des zones d’ombre dans ses productions. Ainsi, Le Sourire de la morte, un texte d’André Ducharme, poursuit certaines réflexions chères à la compagnie théâtrale sherbrookoise. Ce qui étonne relève plutôt de ce qui se rend jusqu’à l’oeil: le magistral décor donne la chair de poule par sa froideur et la seule couleur vive des costumes est le rouge (sang) de la robe portée par la soeur de la morte, personnage qui en a beaucoup sur la conscience. Cette unité dans l’ensemble aide le spectateur à plonger dans ce tortueux récit. Ainsi, on ne fait pas que frôler le mal et la folie dans Le Sourire de la morte, on les affronte de front.

La pièce est portée par un Patrick Quintal qui, visiblement, s’amuse autant que son personnage alors qu’au fond de sa cellule, il reçoit la visite de Jeanne (Geneviève St Louis, qui joue bien cette douleur peinant à sortir), qui désire affronter l’assassin présumé de sa soeur cadette, Émilie (Véronic Rodrigue, véritable révélation de ce show par son jeu nerveux mais juste). Rapidement, ce duel carcéral se détache des clichés du genre. Celui derrière les barreaux est le seul à avoir la conscience tranquille, et c’est Jeanne qui, peu à peu, fait la paix avec ses démons. Au cours de la pièce, elle descend symboliquement les marches d’un magnifique escalier donnant dans le vide, comme si elle s’approchait d’une certaine vérité. Celle-ci se précise grâce au dévoilement des fracas de l’enfance des personnages. De plus, on doute de la véracité du geste irréparable de Louis envers Émilie lorsqu’on saisit la pureté de l’amour qui régnait entre ces deux êtres fragilisés par la vie.

En somme, Le Sourire de la morte est une pièce qui s’apprivoise tout doucement ("tout doux", dirait Émilie). Toutefois, on se questionne sur la pertinence des deux personnages secondaires (tout de même bien interprétés par Denis Clément et Jean-François Hamel), car le récit, qui comporte quelques longueurs, tiendrait la route sans leur présence.