Pascal Jacob : La crème de la crème
Scène

Pascal Jacob : La crème de la crème

Pour la première fois de son histoire, le Festival mondial du cirque de demain crée un programme spécial à exporter à Montréal. Pascal Jacob nous parle de cet évènement.

Chaque année depuis 30 ans, Paris accueille le Festival mondial du cirque de demain (FMCD), compétition internationale ayant valeur d’olympiades dans le milieu. On y voit ce qui se fait de mieux dans le domaine et on y découvre toutes sortes de nouveautés. "Aujourd’hui, l’originalité d’un numéro se situe dans la manière de transcender une discipline ou des agrès", affirme Pascal Jacob, le directeur artistique du Festival. Il cite en exemple l’Australienne Emma Henshall, gagnante d’une médaille d’or cette année: entraînée à Montréal par Victor Fokine, qui avait déjà révolutionné la pratique du trapèze ballant en 1987, elle pousse la technique vers de nouveaux sommets. "On a toujours la sensation de vertige et d’une prouesse en action, mais avec elle, on ne sent pas la figure arriver, poursuit Jacob. Elle a des lignes et une façon d’enchaîner les choses tout à fait singulières. C’est vraiment bouleversant."

Neuf médaillés d’or ou d’argent de diverses éditions ont donc été invités par le Festival Montréal en lumière à venir nous éblouir. Le Québécois Daniel Cyr, inventeur de la roue du même nom et cofondateur du Cirque Éloize sera de la partie, de même que sa compatriote Isabelle Vaudelle, qui a innové en 1996 avec le tissu aérien au Cirque du Soleil. On verra du jonglage du plus grand classicisme et le prodigieux numéro de rola-rola qui a aussi remporté l’une des trois médailles d’or en janvier. Enfin, trois diabolistes et deux équilibristes nous permettront d’apprécier différentes approches d’une même discipline. Là encore, il faut s’attendre à d’éblouissantes prouesses.

"C’est un spectacle vraiment exceptionnel, qu’aucun grand cirque ne pourrait présenter, assure Jacob. Ils pourraient s’offrir trois ou quatre numéros, mais pas tous." Dans la lignée du traditionnel Monsieur Loyal, le programme est présenté par un maître de cérémonie qui assure la transition entre les numéros. Chargé de cette mission depuis maintenant cinq ans, l’acteur français Calixte de Nigremont revisite la fonction avec un brin de folie et d’insolence. "C’est un personnage dynamique, commente Jacob. Avec son élégance décalée du 18e siècle, il joue avec les codes de la représentation. Il a une grande facilité à improviser pour amuser et remplir son rôle de liant."

Depuis trois ans, le FMCD offre aussi une perspective sur la relève avec un tableau d’ouverture présenté par l’une des trois écoles supérieures internationales existant. Cette année, ce sont 14 élèves de l’École nationale de cirque de Montréal qui ont brisé la glace à Paris et qui la briseront ici. "C’est un tableau magnifique, affirme Jacob, avec une très grande diversité de techniques: tissu, trapèzes fixe et ballant, roue allemande, main à main, jonglage, acrobaties au sol… La plupart des spectateurs et surtout les professionnels et les initiés ont été très, très étonnés et mis en appétit par ces artistes pleins de promesses qui seront bientôt disponibles." Et pour couronner le tout, une exposition de photos, d’affiches et de vidéos retrace dans le hall de la Tohu les 30 ans du FMCD.