Cinq filles avec la même robe : Elles étaient cinq
Cinq filles avec la même robe. Un titre qui semble fricoter avec la chick lit. Ce serait mal connaître l’auteur du texte, Alan Ball, créateur de Six Feet Under et du scénario d’American Beauty, qui fait son entrée à Premier Acte.
Ça ne s’invente pas. La promotion 2006 du Conservatoire de Québec comptait cinq filles. Les voilà réunies sous la même compagnie théâtrale, dont la première création est un texte qui met en scène cinq filles. Les Écornifleuses sont nées et proposeront des pièces au point de vue féminin fort. Avec le grinçant texte d’Alan Ball, madame est servie…
Cinq filles. Cinq affreuses robes. La même. Lilas. Voyante. Qu’on dirait conçue pour mettre la mariée bien en valeur à côté de ses demoiselles d’honneur enrubannées. Tracy et Scott viennent d’unir leur destinée, et la réception commencera sous peu. Mais juste avant, les cinq demoiselles d’honneur se rassemblent pour pester contre le mariage et, tant qu’à y être, contre toutes les conventions sociales et le conformisme avec un grand C. "Elles ont toutes des personnalités pas mal différentes, elles ne sont pas bien dans la société, savent qu’elles sont jugées, donc elles vont se cacher dans une chambre et là, enfin… elles peuvent respirer!" explique Valérie Marquis, qui incarne Mindy, lesbienne bien assumée.
C’est dans une librairie des États-Unis que le metteur en scène Maxime Allen (aussi de la cuvée 2006) a découvert le texte. "Mon Dieu, c’est pour les filles de ma classe cette histoire-là!" s’est-il dit. Au retour, il constate qu’une version française existe, qu’André Brassard l’a même montée en ramenant l’action au Québec. Mais pour sa mise en scène, Allen tenait à refaire la traduction et à retrouver la petite ville du Tennessee imaginée par l’auteur.
Le texte de Ball regorge d’humour noir et de répliques "baveuses". Pour Joanie Lehoux, qui prendra les traits de Meredith, mouton noir de la famille de la mariée, "c’est vraiment l’fun à jouer, mais c’est pas si facile… Faut pas tomber dans les punch lines. Ce qui devient drôle, c’est quand les filles disent leur punch comme si c’en n’était pas un."
Autre défi de jeu, selon Valérie Marquis, c’est la construction du texte: "On n’est pas devant une seule grande montée dramatique. C’est plutôt comme une bouteille de champagne." On rit, c’est léger, et pop, un bouchon saute, une fille confie sa peine, plonge dans ses vérités intimes, puis les bulles nous font oublier et on retombe dans le rire, la légèreté… jusqu’au prochain bouchon.