Le Menteur : La vérité si je mens
Scène

Le Menteur : La vérité si je mens

Jacques Leblanc met en scène Le Menteur de Corneille, une comédie classique où il peut laisser libre cours à son imagination. Vrais mensonges.

En tant que directeur artistique de la Bordée, Jacques Leblanc voulait mettre une comédie classique au programme de la saison. Ayant déjà présenté du Molière et du Goldoni, il opte alors pour une oeuvre qu’on voit plus rarement. "Le Menteur de Corneille est une pièce très bien ficelée et extrêmement romantique, observe-t-il. Souvent, le théâtre classique dénonce quelque chose, mais cette pièce prend plutôt parti pour les menteurs. C’est charmant! Et je sais que le public va aimer ça."

En bref, le tout repose sur un quiproquo: fraîchement rentré à Paris, le héros (Nicola-Frank Vachon) rencontre deux jeunes filles, dont une lui inspirant un coup de foudre. "Sauf qu’il y a une méprise sur son nom, poursuit-il. Donc, quand il lui envoie des billets, c’est l’autre qui les reçoit. En fait, l’intérêt vient surtout de son imagination, sa verve, sa créativité, car il ne ment pas que pour épouser sa bien-aimée, il ment à ses amis, à son père, à son valet; il s’invente toute une vie qui n’est pas la sienne."

Dans un même ordre d’idées, le texte offre une grande latitude sur le plan de la mise en scène. "Je laisse aller ma folie, commente-t-il. Avec le baroque, on peut pousser les règles à l’extrême, les enjoliver." Par exemple, il a choisi de s’inscrire dans la tradition du genre en y allant d’une interprétation contemporaine des décors et costumes d’époque, suivant sa vision de la pièce et des personnages. "Il s’agit d’une représentation du théâtre classique, mais avec les façons de faire actuelles, spécifie-t-il. Tout est ajouré, tout est enluminé."

Enfin, l’idée était également d’amener de jeunes acteurs à travailler ce genre de rôles. "Ils apprennent comment, avec un texte aussi exigeant, un niveau de jeu classique, réussir à exprimer l’amour, la jalousie… et à faire rire!" note-t-il. Voilà d’ailleurs ce sur quoi il a misé: "La vérité, la vérité, rien que la vérité dans l’émotion", ainsi que l’humour. "Le défi était de passer chaque réplique au peigne fin, de puiser tout le ressort comique de cette oeuvre, pour qu’on n’ait pas qu’un sourire, mais qu’on s’amuse beaucoup dans la salle", conclut-il, visiblement heureux du résultat.

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POINT DE MIRE A L’HORIZON

À titre de directeur artistique du Théâtre de la Bordée, Jacques Leblanc s’est montré intéressé par Québec horizon culture, cette assemblée culturelle qui s’est tenue le 16 février dernier. On le serait à moins avec les annonces qui y ont été faites, dont le total représente un investissement de 53,2 millions de dollars jusqu’en 2012. L’homme de théâtre y est allé d’une allocution lors de ce rassemblement pour tenter d’exposer ce qui, à ses yeux, représente le coeur du développement culturel. "En plus du concept d’"école de la culture" qui y était souligné, je tenais à rappeler qu’il y a des organismes plus gros, qui mettent sur pied des spectacles d’envergure et qui ont une préoccupation marquée pour le développement de la relève, illustre-t-il. La mixité des âges est importante, et un jeune comédien qui est en contact avec un comédien plus âgé sera amené à acquérir une expérience. Il y a un mimétisme qui est essentiel pour son développement. C’est très important! Justement, cette dynamique ouvre les "horizons" pour un jeune qui débute."

Constatant les côtés positifs de cette activité et le fait que les instances politiques et la population ne semblent plus avoir peur de parler de culture, l’artiste se questionne tout de même sur ce concept de "pépinière culturelle" si souvent mentionné par le maire Régis Labeaume. "On nous a tout de même présenté une politique culturelle intéressante et c’est à nous d’y répondre. Il faut maintenant agir auprès de ces instances pour élargir et adapter le plus possible cette politique." (Antoine Léveillée)