Le Psychomaton : Les rouages de l’âme
Le Psychomaton débarquait de Québec précédé d’une rumeur favorable, mais la pièce ne répond pas aux attentes et souffre hélas d’un grand manque de profondeur.
L’objet est une sorte de confessionnal moderne qui accueille entre autres les témoignages d’une vieillarde solitaire, d’une artiste naïve et névrosée, d’une commère infatigable et d’un voleur imprudent. La machine se construit sous nos yeux, accompagnée des envolées idéalistes de sa conceptrice, une caissière nommée Josée (Hélène Florent), qui rêve de changer le monde derrière son comptoir de dépanneur. De réflexions en conversations avec son ami Paulo (Paul-Patrick Charbonneau), l’enthousiasme cède le pas au désespoir. Le monstre techno-psychologique, qui crache des citations hors contexte, ne réussit pas à évacuer la solitude de ses visiteurs.
Confronté à une telle galerie de personnages et à une si vaste trame d’inégalités sociales, on pouvait s’attendre à un regard lucide et décapant de la part de l’auteure, Anne-Marie Olivier, à tout le moins à un point de vue. Il y avait là matière à une fertile réflexion sur la réalité des laissés-pour-compte et sur l’incommunicabilité. La pièce rate pourtant sa cible et ne réussit qu’à reproduire une série de clichés; l’ensemble est d’une troublante superficialité. Comment expliquer que chacun de ces personnages ne témoigne de rien d’autre que des lieux communs rattachés à sa situation, que le sort de la vieille dame souffrant du décès de son mari ne nous atteigne pas outre mesure, que les tribulations de l’artiste névrosée ne quittent jamais la caricature, que l’idéalisme outrancier du personnage principal apparaisse factice? Dommage que le texte ne quitte pas l’anecdote, qu’il n’atteigne jamais une quelconque forme de sublimation, qu’il tisse maladroitement des liens peu signifiants entre les personnages.
La mise en scène de Véronika Makdissi-Warren, sans être particulièrement inventive, utilise avec à-propos le principe de la construction progressive du psychomaton, tout en mettant en évidence les liens, même minces, entre les différents personnages. Les acteurs (la distribution est complétée par Érika Gagnon, Éric Leblanc et Édith Paquet), oscillant entre le jeu réaliste et la caricature, font de leur mieux pour donner vie aux différents univers. Mais l’ensemble ne convainc pas.