La Grande Machinerie du monde : Faire le tour
Après Everybody’s Welles pour tous, Patrice Dubois et Martin Labrecque nous offrent La Grande Machinerie du monde, une expérience bien moins transcendante.
De toute évidence, il y a dans le travail de l’auteur-metteur en scène Patrice Dubois et du concepteur d’éclairages Martin Labrecque quelque chose de tout à fait semblable à ce que fait Robert Lepage: entrelacer les destins individuels et les événements de la grande Histoire dans un dispositif scénique en constante mutation. Entendons-nous bien, il ne s’agit pas ici de plagiat ni de manque d’originalité, mais plutôt d’une parenté indéniable, et pas du tout problématique.
Ainsi, comme c’était le cas dans Everybody’s Welles pour tous, première collaboration du tandem sous la bannière du Théâtre PàP en 2003, le destin des personnages de La Grande Machinerie du monde est relié à certains pans de l’histoire du 20e siècle, notamment à la chute du mur de Berlin. Mais, à vrai dire, l’effondrement du régime communiste a bien peu d’incidence sur les aventures plutôt banales de Christian (Alexandre Goyette, tout à fait à sa place), Richard (Stéphane Franche, pas à l’aise du tout) et Kate (Sophie Cadieux, toujours aussi sensible, dans la peau de Kate comme dans celle des autres personnages qu’elle incarne). À Québec, à la fin des années 80, Christian et Kate vivent des amours impossibles. Elle est passionnée par la Renaissance et lui par la drogue, le hockey et les voitures. Tout les sépare. Si bien que le pire pourrait survenir.
À vrai dire, le spectacle d’une durée de 80 minutes est une honnête réflexion sur l’amitié, l’amour, la mémoire et la notion d’héritage, mais il n’est nettement pas à la hauteur des grandes idées (artistiques, philosophiques et scientifiques) qui ont présidé à sa naissance. On ne fait pas si facilement écho à la grande machinerie de la vie, du monde et de l’univers. Du moins en ce qui concerne la dimension dramaturgique des choses. Parce que d’un point de vue scénographique, c’est bien plus convaincant. Il faut le dire, ce cube qui tourne sur lui-même, qui ne cesse de se reconfigurer et au coeur duquel une source lumineuse joue le rôle crucial de pivot, cette création d’Olivier Landreville (avec la complicité de Martin Labrecque aux éclairages), c’est sans nul doute le principal intérêt du spectacle.