Le Silence des lettres : Guerre et paix
Petronella vous donne rendez-vous pour Le Silence des lettres, un conte sur la guerre, mais gorgé de sérénité.
Petronella Van Dijk a tout de la conteuse professionnelle. En Estrie, elle est l’ambassadrice de cette tradition parolière. Pourtant, la principale intéressée se considère encore en apprentissage; pour elle, son art est un éternel work in progress. Son spectacle Le Silence des lettres: récits de guerre… mais de paix en est un bon exemple. "Je continue de le travailler, explique la conteuse. Ce n’est pas une oeuvre achevée. En fait, elle ne sera jamais complètement terminée. La parole est libre, changeante. Il faut toujours peaufiner le conte selon qui on devient." Elle poursuit: "Lorsque je conte, le texte n’est jamais figé; je suis toujours sur la corde raide. C’est mon choix. Selon la tradition, le conte implique une part d’improvisation."
D’ailleurs, on ne peut pas vraiment parler de styles de contes, mais plutôt de styles de conteurs. "Je suis sur la scène comme je suis devant toi. Dans le conte, on a cette liberté d’être entièrement soi-même. Si on me considère comme une conteuse authentique, j’en suis très fière."
LA GUERRE EN QUATRE ACTES
Quatre volets composent le spectacle Le Silence des lettres. Ça débute par une adaptation d’un texte de Guy de Maupassant. Ensuite, Petronella effectue la lecture de trois lettres écrites par un "poilu" (un soldat de la guerre de 14-18) qui, étrangement, s’appelle Gaston Biron en plus d’être décédé un 11 septembre. "Ce sont des détails intéressants car ils interpellent", au dire de la conteuse. La troisième partie du spectacle consiste en un conte de Guth Desprez. "Il m’a fait cadeau d’un de ses récits. Il l’a composé dans sa tête, me l’a raconté et maintenant, je le fais à ma manière." En conclusion, Petronella y va d’une histoire à elle, un conte portant sur un secret que son père a gardé pour lui jusqu’à 40 ans après la guerre. "Cette histoire non plus n’est écrite nulle part. Je la porte en moi."
Le spectacle comporte une introduction et une conclusion qui permettent à la conteuse d’amener le public vers un questionnement. "C’est sur la guerre, mais j’y parle de paix. Malgré des sujets durs, les gens en retirent une émotion sereine. Chaque fois, les discussions avec le public me donnent raison de partager ce travail."
Petronella a présenté Le Silence des lettres à plusieurs reprises. Quelques représentations se sont même faites à Paris. "Une fois, je l’ai conté devant Bruno de La Salle, un pionnier du conte en France; il fait L’Odyssée en vers d’une seule traite. C’est un géant, un dragon."
Quant à Petronella, elle est celle qui a su émouvoir le dragon.