Margie Gillis : Paysages intérieurs
Tout, chez Margie Gillis, est plus grand que nature. Sa carrière, sa longue chevelure rousse, sa sensibilité… Rencontre avec une des plus grandes ambassadrices de la culture québécoise.
Au fil de ses 35 ans de carrière, qu’elle a fêtés en 2008, Margie Gillis a donné vie à ses paysages intérieurs avec une sensibilité extrême et une intensité vibrant jusqu’à la pointe de ses cheveux. Quinquagénaire depuis quelques années, elle sent son corps changer et a vaguement songé à quitter la scène. Mais on n’abandonne pas si facilement un navire qui vogue encore allègrement. "La danse veut sortir, alors je la suis!", s’exclame-t-elle joyeusement.
"Par moments, je me sens comme une jeune fille et à d’autres, comme une vieille femme, confie-t-elle. Au fond, je n’ai pas d’âge: j’ai tous les âges… J’ai cherché à comprendre la vie et le mouvement depuis là où j’en suis, et à voir comment rester authentique avec ça. Et j’ai pensé que je trouverais les réponses à mes questions dans la nature. Je savais qu’elle pourrait me donner la sagesse de la patience. M’apprendre à être solide et à être fluide, à relâcher des choses. Parce que le pouvoir est dans la douceur…"
Connectée à sa vie intérieure tout autant qu’aux mystères de l’univers, Margie Gillis n’en est pas à sa première "collaboration" avec la nature. De tout temps, elle a été un lieu suprême de ressourcement. Quand elle décide de travailler avec son amie Paula Styron, collaboratrice de la chorégraphe américaine Martha Clark, elles ressentent le besoin d’entrer dans la nature, de faire corps avec elle. "La dernière section a été créée dans une carrière en Norvège, précise-t-elle. D’autres passages ont vu le jour au bord de la mer, en pleine nature sur la côte ouest du Canada, au Yukon, près du fleuve à Baie-Comeau… Le défi était de sonder le lien entre l’humain et la nature et de retransmettre sur scène une expérience totale instantanée. Quelque chose qui se vit en même temps avec la tête, le corps et l’âme."
Étonnamment, l’assemblage du puzzle forme un tout homogène, sans doute lié par la dimension contemplative qui a habité Gillis au moment de la création: "C’est la première fois que je danse un solo aussi long. J’ai toujours présenté des sortes d’anthologies de poèmes avec une succession de petites oeuvres, mais cette fois, il y a un prélude et ensuite, c’est un programme complet en continu."